Nigeria : faire avec Boko Haram comme le Sri-Lanka avec les Tigres Tamouls ?
L’armée nigériane a indiqué jeudi qu’elle pourrait suivre l’exemple du Sri Lanka pour mettre fin à l’insurrection sanglante des islamistes de Boko Haram. Explications.
Une délégation de militaires sri-lankais, conduite par le chef d’état-major des armées, le général Jagath Jayasuriya, a rencontré à Abuja ses homologues nigérians pour un échange d’expériences.
Cette visite intervienait à la suite de la rencontre mardi 10 juin entre le président pakistanais Mamnoon Hussain et le président nigérian Goodluck Jonathan. Les deux chefs d’État s’étaient engagés à établir une collaboration dans le secteur de la défense et de l’action anti-terroriste.
Le général Jayasuriya est arrivé au Nigeria auréolé de son expérience en la matière. L’armée sri-lankaise, sous sa direction, est venu à bout en mai 2009 de trente années de guerre contre la guérilla indépendantiste tamoule. Le conflit, selon des estimations de l’ONU a fait quelque 100 000 morts entre 1979 et 2009. L’armée a été accusée d’avoir tué 40 000 civils tamouls pendant les derniers jours du conflit. Des crimes de guerre présumés qu’elle nie toujours.
Le général Jayasuriya a indiqué qu’il y avait des similitudes entre la situation du Nigeria face à Boko Haram et celle du Sri Lanka, au plus fort de la guerre contre les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE).
À la recherche d’un soutien populaire contre Boko Haram
Le chef d’état-major de l’armée nigériane, le général Alex Badeh, a déclaré que lors de cette rencontre, ils avaient "examiné sérieusement l’expérience sri-lankaise contre l’insurrection dans l’optique d’identifier des points utiles à l’action du Nigeria dans sa bataille pour vaincre le terrorisme".
Au cours de la rencontre, les militaires Sri-lankais ont expliqué que "tous les atouts de la nation" devaient être mis au service de la puissance militaire pour lutter contre le fléau du terrorisme", a déclaré le porte-parole nigérian des armées, Chris Olukolade.
"Ils ont suggéré que l’armée devait jouir du soutien du pays tout entier dans ses efforts contre le terrorisme", a-t-il ajouté.
Tout en étant montrée du doigt par les organisation de défense des droits de l’homme pour sa gestion brutale de la crise, l’armée nigériane est aussi critiquée pour son inefficacité dans la lutte contre Boko Haram. Cinq ans après le début de l’insurrection, et dix ans après sa fondation, le groupe islamiste échappe à tout contrôle et continue de frapper sans être gêné, en particulier dans ses bastions du nord-est. L’état d’urgence, décrété en mai 2013, n’a pas empêché de mener à bien l’une de ses attaques les plus spectaculaires : l’enlèvement le 14 avril 2014 de plus de 200 lycéennes, que les militaires n’ont toujours pas réussi à libérer.
>> A voir aussi : Boko Haram, un anniversaire macabre
(Avec AFP)
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