Banque mondiale : démission de Paul Romer, économiste en chef polémique
Paul Romer, l’économiste en chef de la Banque mondiale, a démissionné mercredi après avoir déclenché une polémique autour du classement « Doing Business ».
Paul Romer, l’économiste en chef de la Banque mondiale, a démissionné ce mercredi 24 janvier. Cet universitaire, spécialiste des théories sur la croissance et lauréat potentiel du prix Nobel d’économie, avait été recruté en octobre 2016 pour diriger le département de recherches de la Banque mondiale. Son contrat aurait dû s’achever en 2020.
Dès son arrivée, Paul Romer avait été très critiqué pour avoir demandé à ses équipes de réduire l’usage du mot « et » dans leurs écrits. Il exigeait également des emails plus courts et des présentations allant à l’essentiel.
Je n’ai jamais rencontré dans ma vie professionnelle des économistes qui disent tellement de choses qui sont faciles à vérifier et qui se révèlent être fausses
Le personnel de la Banque mondial était remonté contre son « style abrasif » et son manque de considération pour leurs inquiétudes. Cette première controverse lui avait valu de se voir retirer en mai 2017 ses fonctions directives au sein du département de recherches de la Banque mondiale
Remise en cause du classement « Doing Business »
Plus récemment, lors d’une interview avec le Wall Street Journal, il avait accusé un ancien collègue d’avoir manipulé le classement « Doing Business », potentiellement pour des raisons politiques, au détriment du Chili. La chute du pays d’Amérique du Sud dans le classement lors de la présidence de Michelle Bachelet est, selon Romer, entièrement imputable à des changements méthodologiques, et non à une détérioration de l’environnement des affaires.
Une semaine plus tard, il déclarait qu’il n’avait pas voulu insinuer de possibles manipulations ou des biais politiques dans le classement « Doing Business ».
Des emails obtenus le 25 janvier par le Financial Times révèlent cependant que les critiques de Paul Romer vis-à-vis de la Banque mondiale allaient au-delà du classement, dénonçant les analyses de l’institution sur les pays et plus largement sa culture intellectuelle. « Je n’ai jamais rencontré dans ma vie professionnelle des économistes qui disent tellement de choses qui sont faciles à vérifier et qui se révèlent être fausses » a-t-il notamment écrit dans un email cité par le journal.
Ce n’est pas le premier économiste en chef de la Banque mondiale à quitter l’institution avec fracas. Joseph Stiglitz, qui occupait ce poste entre 1997 et 2000, avait également démissionné suite à ses critiques envers le consensus de Washington.
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