Musique : « Full Fuel », le collectif électro qui met le feu à la toile tunisienne

Depuis décembre 2017, être DJ est officiellement reconnu comme un métier en Tunisie. Un signe de plus de l’effervescence de la scène musicale électro dans le pays. Mais pour bien saisir le phénomène, il faut être branché sur les réseaux sociaux sur la page Facebook du très prolifique collectif « Full Fuel ».

Soirée organisée par le collectif « Fuell Fuel » à l’Église anglicane Saint-Georges à Tunis © Omar Frini

Soirée organisée par le collectif « Fuell Fuel » à l’Église anglicane Saint-Georges à Tunis © Omar Frini

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Publié le 20 février 2018 Lecture : 3 minutes.

Démocratiser la musique électro, en s’appuyant sur les réseaux sociaux. C’est le défi que s’est lancé les jeunes tunisiens du collectif « Full Fuel ». Si la popularité de ce genre dans le pays ne fait plus débat, avec des entrées pour des festivals allant jusqu’à 150 dinars tunisiens (plus de 50 euros), la barrière financière exclu de fait une partie des adeptes. Dans un pays où le salaire minimum mensuel est d’environ 357 dinars, beaucoup sont incapables de réunir la somme pour une simple soirée. 

Full Fuel propose un concept innovant : la retransmission en direct ou en différé de performances de DJ’s sur les réseaux sociaux. Ce fut notamment le cas lors du Festival Éphémère qui s’est tenu le 15 septembre à Tunis. « Pour ceux qui n’ont pas pu venir au Festival Éphémère, Full Fuel était une manière d’amener le festival jusqu’à eux. Et les gens étaient ravis ! », se félicite Manel, la responsable communication de Full Fuel, qui assure avoir reçu « des dizaines de messages de remerciements ».

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Témoigner de l’effervescence de la scène musicale

Depuis la révolution, la scène musicale électronique tunisienne connaît une véritable ébullition. « Quelque chose est en marche, c’est certain. Et nous, nous voulons en témoigner », s’enthousiasme la jeune femme.

« Les DJ’s tunisiens, malgré leurs talents, étaient totalement absents sur Youtube. Nous voulions remédier à cela », poursuit Omar, qui a fondé le collectif en février 2017 avec un principe simple : filmer les DJ’s en action. « Ce collectif, c’est une manière pour moi de joindre mes deux plus grandes passions : l’image et la musique électronique », explique-t-il.

« Ce qui m’a agréablement surpris en intégrant ce milieu, c’est la solidarité qui y règne », assure Omar.  « Aucun DJ n’a refusé d’être filmé, au contraire. Les gérants des lieux nous ont toujours très bien accueilli, les vendeurs d’équipements musicaux nous sponsorisent, la presse spécialisée du pays fait des articles… C’est un véritable réseau d’entraide qui est entrain de se former en Tunisie, avec un même objectif : l’ascension de cette scène musicale. »

Un succès immédiat

Avec près de 26 000 « likes » sur Facebook, le collectif Full Fuel est désormais invité à venir filmer les performances électro dans les salles et festivals les plus réputés du pays. En décembre 2017, ce petit collectif, a sidéré les clubbers tunisiens en organisant une soirée dans un lieu jusque là inexploré par ce milieu en Tunisie : l’église anglicane Saint-Georges, en plein centre de la capitale. Événement – forcément – filmé et diffusé en intégralité par les membres de l’équipe.

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« Ce qui était frappant pendant cette session, c’est le respect que les auditeurs ont eu pour le lieu. C’est comme si,au sein de ces murs, le caractère spirituel de cette musique était exacerbé », assure Manel. Et le collectif n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. « On aimerait faire encore plus original. On pense par exemple à organiser une session chez un coiffeur ou dans une épicerie… »

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Sortir les DJ’s tunisiens de l’anonymat

L’envie d’organiser des soirées privées est née plus tard, en octobre 2017, sous le nom de « Full Fuel private ».  Le collectif voulait créer des événements originaux dans des lieux susceptible de surprendre. Une manière, selon eux, de « libérer davantage le milieu de la fête du carcan des lieux traditionnels ». Et aussi de mettre les jeunes DJ’s en lumière.

C’est ainsi qu’au cours de la première soirée du collectif, organisée au fond d’une piscine vidée pour l’occasion, Sabri – lui aussi membre du collectif et DJ sous le nom de Stoa – s’est produit pour la première fois.

« C’est une fenêtre sans pareille sur le monde de la musique électronique en Tunisie. Le collectif est devenu l’un des plus importants acteurs dans la promotion des DJ’s tunisiens. Ce sont de telles initiatives qui peuvent permettre à des artistes de sortir de l’anonymat », conclut le jeune homme.

Et pour souffler sa première bougie, en avril 2018, le collectif va inviter la DJ russe Dasha Redkina. Et tout le monde est convié… Il suffit pour cela de se brancher sur la page Facebook du collectif.

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