Algérie : l’opposition réunie exige une « transition démocratique »

Près de deux mois après la réélection d’Abdelaziz Bouteflika, l’opposition algérienne – laïcs et islamistes réunis – a organisé l’un des plus grands rassemblements de son histoire pour exiger des mesures politiques propres à diriger le pays vers une transition démocratique pacifique. Récit.

Ali Benflis, rival malheureux de Abdelaziz Bouteflika à la présidentielle de mai 2014. © AFP

Ali Benflis, rival malheureux de Abdelaziz Bouteflika à la présidentielle de mai 2014. © AFP

Publié le 11 juin 2014 Lecture : 2 minutes.

Plusieurs partis politiques indépendants se sont réunis mardi 10 juin à Alger pour donner naissance au premier véritable front d’opposition politique en Algérie. Cette conférence nationale, qui a compté plus de 500 personnes, responsables ou militants, s’est tenue sous l’égide de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique.

En organisant l’un de ses plus grands rassemblements de l’histoire du pays, près de deux mois après la réélection d’Abdelaziz Bouteflika, l’opposition algérienne a ainsi tenté de réaffirmer sa voix. Ont participé aux discussions les leaders du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), du Front des forces socialistes (FFS), des trois partis islamistes – le Mouvement de la société pour la paix (MSP), le Front pour la justice et le développement (FJD) et Ennhada (renaissance) -, et enfin de Jil Jadid (parti de la jeunesse). Mais aussi plusieurs grands noms de la scène politique dont Mouloud Hamrouche, ou encore Ali Benflis, ex-candidat à la présidentielle et principal opposant à Bouteflika. Un signal d’unité alors que le directeur du cabinet présidentiel, Ahmed Ouyahia, tente de mener – sans succès pour l’instant – des consultations avec l’opposition dans le cadre de la révision de la Constitution.

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Projet de plateforme

L’espace d’une journée, les partis ont semble-t-il réussi à laisser de côté la plupart de leurs divergences. "Notre objectif est de sauver la nation", a dit dès le début de la conférence Ahmed Benbitour, ex-Premier ministre, qui avait choisi de boycotter l’élection présidentielle. Mais si les partis s’accordent sur la nécessité d’une "transition politique en douceur", ils divergent sur les moyens d’y parvenir. Pour Mouloud Hamrouche, elle aura lieu seulement si l’on "prend en compte l’armée" qui "est un pilier de l’État". Alors que pour Ali Benflis, "le système actuel est illégitime". Il faut donc, selon lui, faire pour une large part table rase du passé et "redonner la légitimité au peuple algérien".

Cette première conférence nationale a surtout permis de poser les bases d’un projet de plateforme politique. Après des heures de débat les participants ont dégagé plusieurs priorités comme la "consécration d’une démocratie effective comme moyen de gouvernance" en Algérie, la nécessité d’un "gouvernement de transition démocratique consensuel" et d’une "autorité indépendante et permanente pour l’organisation et la surveillance des élections qui aura pour tâche la conduite des élections". Le texte adopté par la conférence propose également le retour à une limitation à deux du nombre de mandats présidentiels et enfin l’élaboration d’une nouvelle Constitution qui "consacre les objectifs de la transition démocratique et qui sera adoptée par référendum".

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Amina Boumazza, à Alger

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