Tchad : les syndicats appellent à la « grève générale » contre l’austérité
La contestation s’est durcie au Tchad, avec l’appel lundi des principaux syndicats à une grève « générale illimitée », pour protester contre les mesures d’austérité imposées par le gouvernement.
« Le gouvernement a mis à exécution toutes ses menaces qui pèsent sur les salaires », déplorent dans un communiqué publié lundi 29 janvier les syndicats, qui ont appelé à « une grève générale illimitée dans le secteur public sur toute l’étendue du territoire ». Seul un « service minimum » sera assuré dans les secteurs de la santé, ont précisé ces organisations.
En parallèle, des responsables des organisations de la société civile et des artistes ont également tenu lundi une conférence de presse, pour dénoncer les coupes de salaires malgré l’augmentation des denrées sur le marché, la hausse des prix du carburant ou encore les mesures de répression et les interdictions de « marches pacifiques ».
Une sévère récession économique
Les mesures d’austérité se sont particulièrement fait ressentir sur la feuille de paie des fonctionnaires tchadiens, qui ont constaté une baisse de leurs primes et indemnités au mois de janvier.
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Depuis deux ans, le Tchad traverse une sévère récession économique, qui s’est traduite par un endettement croissant de l’État tchadien – à hauteur de 800 milliards de FCFA. Résultat : le Trésor public a des difficultés à payer les fonctionnaires tchadiens. D’où les mesures d’austérité drastiques imposées par le gouvernement dans la loi de finances 2018.
Une grogne sociale inédite
Conjuguées à la hausse du prix du carburant, ces mesures ont été les déclencheurs d’une grogne sociale inédite dans ce pays dirigé depuis 1990 par le président Idriss Déby Itno. Transporteurs, enseignants, élèves ou société civile… Depuis la semaine dernière, plusieurs mouvements de protestation ont touché le pays et notamment la capitale N’Djamena.
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Sous prétexte de menace à la « sécurité », les manifestations de rue sont rarement autorisées dans le pays. Lundi matin, la police a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des rassemblements d’étudiants, au premier jour d’une grève générale des étudiants du supérieur. 112 personnes ont été interpellées à la suite de ces protestations qui ont donné lieu à des casses, selon la police.
67 personnes transférées au parquet
Après les divers mouvements de protestation de la semaine dernière, 67 personnes ont été transférées au parquet ce lundi, a indiqué à l‘AFP le porte-parole de la police.
Nos dirigeants sont incapables, après plus de 27 ans de gouvernance, de réunir des conditions minimales de vie
Jeudi 25 janvier, des organisations de la société civile et des syndicats avaient appelé à une marche nationale contre « la mauvaise gouvernance, les injustices de toutes sortes et les mesures anti-sociales prises par le gouvernement ».
La manifestation avait été interdite par les autorités, et les forces de l’ordre, déployées en masse dans la capitale, avaient dispersé sans ménagement toute tentative de regroupement, tandis qu’internet était coupé jusqu’à la mi-journée. La ville de Moundou, dans le sud, avait connu une situation similaire.
Des critiques envers le régime
Le lendemain, le président Déby avait remplacé sans aucune explication ses ministres de la Sécurité et de la Fonction publique.
Le peuple tchadien est victime de la servitude imposée par le MPS
Le mouvement reste pour le moment à caractère social, mais sous les slogans anti-austérité, les critiques pleuvent contre le régime. « La population tchadienne aujourd’hui est devenue la risée du monde par la faute de nos dirigeants qui sont incapables après plus de 27 ans de gouvernance de réunir des conditions minimales de vie », a fustigé lundi le rappeur Ray’s Kim Edm, qui a lancé un appel au peuple tchadien, « victime de la servitude imposée par le MPS », le parti au pouvoir, pour qu’il « arrache sa liberté ».
L’un des principaux animateurs de la société civile, Mahamat Nour Ibedou, a quant à lui de nouveau accusé le régime Déby de « desservir le peuple tchadien par des mesures anti-sociales ».
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