Afrique du Sud : journée décisive pour trouver une solution à la crise minière

Le gouvernement sud-africain tente de mettre fin au conflit minier qui paralyse l’extraction de platine depuis janvier, mais envisage de se retirer du processus en cas de nouvel échec, lundi.

Des mineurs en grève à Marikana, en Afrique du Sud, le 14 mai 2014. © AFP

Des mineurs en grève à Marikana, en Afrique du Sud, le 14 mai 2014. © AFP

Publié le 9 juin 2014 Lecture : 2 minutes.

C’est maintenant ou jamais. Le nouveau ministre sud-africain des Mines, Ngoako Ramatlhodi, a prévenu que le gouvernement se retirerait des négociations pour une issue au conflit minier en cas de nouvel échec lundi 9 juin. "Si les deux parties ne font pas le dernier pas, ce sera un triste lundi (…), mais j’espère que nous aurons un lundi heureux", a-t-il ajouté, avant d’annoncer son retrait des pourparlers en cas de nouvel échec.

Ngoako Ramatlhodi a pris les rênes du ministère en mai après le remaniement consécutif aux élections, et tenté de relancer des négociations dans l’impasse: "Je suis convaincu que nous avons suffisamment travaillé" pour que les partenaires sociaux arrivent à un accord, a-t-il lancé samedi.

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La grève dans les mines des trois principaux producteurs mondiaux de platine dure depuis le 23 janvier. Elle a déjà plongé le bassin minier de Rustenburg (ouest de Johannesburg) dans une crise économique et humanitaire, près de 80 000 mineurs en grève n’ayant plus été payés depuis des mois.

Le syndicat radical Amcu, majoritaire dans le platine, et les patrons de Lonmin, Anglo American Platinum et Impala Platinum n’ont toujours pas trouvé d’accord. Amcu réclamait au départ un salaire mensuel de base de 12 500 rands (environ 880 euros), contre 5 000 rands actuellement. Les mines estimaient que cette revendication était totalement mirobolante, et les partenaires ont tenté de s’accorder sur un plan d’augmentation étalé sur plusieurs années. En vain.

Le nouveau ministre des Mines a donc décidé récemment de s’impliquer pour dénouer une crise qui pèse très lourdement sur l’économie nationale. Selon le patronat des mines, la grève a déjà coûté 1,47 milliards d’euros en manque à gagner.

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Des économistes britanniques et sud-africains ont estimé que les revendications des mineurs n’étaient pas si irréalistes. Après avoir passé en revue les comptes sur quatorze ans d’Anglo American Platinum (Amplats), Impala Platinum (Implats) et Lonmin, respectivement numéro un, deux et trois mondial, ils ont conclu dans un rapport publié vendredi que "si les actionnaires se servaient moins, les salaires pourraient aisément être augmentés".

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Cela vaut surtout selon eux pour Amplats et Implats, précise le rapport.

Pour que les mineurs parviennent aux 12.500 rands de salaire mensuel de base (880 euros environ) en quatre ans, il faudrait en effet les augmenter de 1 800 rands mensuels chaque année, ont calculé les auteurs, Andrew Bowman de l’université de Manchester et Gilad Isaacs, son collègue de Witwtersrand à Johannesburg.

"Ce serait faisable selon notre contre-expertise si les actionnaires renonçaient à un cinquième de leurs gains", a expliqué à la presse Gilad Isaacs : -20% chez Amplats et -22% chez Implats.

L’ANC accuse Malema

Dimanche, un haut responsable de l’ANC au pouvoir, Gwede Mantashe, a accusé "des forces étrangères et intérieures (de tenter) de déstabiliser l’économie et le pays. Il n’a pas donné de détail sur les "forces étrangères" prétendument à l’oeuvre, mais a clairement cité comme "force intérieure" le parti radical du tribun populiste Julius Malema (6,35% des voix aux élections législatives du 7 mai).

L’EFF (Combattants pour la liberté économique), qui prône la nationalisation des mines, a toujours soutenu la revendication des mineurs. Le 10 mai, Julius Malema lui-même avait annoncé que son parti allait aider financièrement le syndicat Amcu afin de contribuer au fonds d’aide aux mineurs, ruinés par des mois de grève.

(Avec AFP)
 

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