Start-up de la semaine : Théa met un médecin au bout du fil
Depuis mai 2017, l’application créée par le médecin camerounais Éloi Hermann Monkam permet à des Togolais, des Tchadiens, des Marocains et des Camerounais de joindre un médecin ou un pharmacien afin de répondre à leurs questions.
« À 13 ans déjà, je me disais qu’un jour, je créerais mon entreprise », confie le docteur Éloi Hermann Monkam. À 29 ans, c’est chose faite pour ce Camerounais qui a obtenu une licence en informatique à l’institut universitaire de la Côte et enchaîné sur des études de médecine à l’université de Douala.
L’idée de Théa (pour That Health again), une application permettant à toute personne de discuter en temps réel avec un médecin sans se déplacer, lui est venue en 2015, alors qu’il terminait ses études de médecine. Il a alors défini le cahier des charges et les contours et développé l’application pendant deux ans, avant le lancement officiel de son entreprise, MH-or, mi 2017. Outre Théa, celle-ci englobe une maison d’édition de livres numériques (MH-Editions) – Éloi Monkam est en effet également auteur, et a publié Le Modificateur d’avenir, aux éditions Edilivre.
« J’ai mis en place le service et envisagé le design de l’application. Ensuite un ami camerounais, informaticien à Paris, Samou Martial, m’a beaucoup accompagné dans sa conception technique et dans son financement », relate le médecin.
Une aide nécessaire pour le maintien de la gratuité
Pour créer Théa, Éloi Hermann Monkam a mis en jeu ses économies personnelles, ainsi que les aides financières qu’il a pu obtenir auprès de sa famille et de ses amis, notamment Samou Martial, soit 8 millions de francs CFA (12 120 euros). Il regrette d’avoir eu « trop peu de soutien des institutions gouvernementales, alors que notre produit touche directement la santé publique ».
Plus de 19 000 visiteurs et 4 500 patients réguliers
En six mois d’existence, avec 15 médecins et pharmaciens présents sur la plateforme de 8 heures à 19 heures tous les jours, la start-up camerounaise a enregistré plus de 19 000 visiteurs et compte plus de 4 500 patients réguliers qui viennent du Cameroun, du Togo, du Tchad, et du Maroc. Pendant le lancement, le service était totalement gratuit, dans le but de fidéliser les usagers.
« Nous souhaitons arriver dans les six mois à une fourchette de 15 ou 20 000 utilisateurs réguliers, puis lancer la phase de paiements par un abonnement à 500 FCFA la semaine », explique le fondateur de l’entreprise, qui n’exclut cependant pas de pouvoir maintenir la gratuité, s’il obtient le soutien financier d’organismes publics ou privés – notamment des institutions étatiques et des ONG.
Un prix spécial à Casablanca
Une aide lui permettrait aussi de salarier les 21 médecins et pharmaciens, basés dans différents pays, qui travaillent avec lui, pour l’instant à titre bénévole, pour conseiller les usagers. Sinon, ils continueront à collaborer avec Théa en qualité de prestataires. La jeune entreprise ne compte pour l’instant que cinq employés : une juriste, une commerciale, un informaticien, un qualiticien, et un médecin.
Aider les populations vulnérables, notamment les réfugiés et les populations en zones reculées
Pour arriver à se développer, Théa devra aussi susciter l’engouement des populations, qui semblent pour l’instant plutôt réticentes devant cette technologie. Mais Éloi Hermann Monkam est convaincu qu’elles finiront par l’intégrer et que son application pourra contribuer à aider les populations vulnérables, notamment les réfugiés (65 millions à ce jour en Afrique) et les populations en zones reculées, où l’accès aux soins de santé est difficile.
Il compte utiliser plusieurs canaux, notamment les plateformes de financement participatif, pour développer la jeune entreprise, payer les médecins, et recruter de nouveaux médecins dans plusieurs pays, et convertir l’application en plusieurs langues.
Au concours Start-up of the year Africa 2018, Thea s’est classée parmi les 5 finalistes, parmi 560 participants venant de plus de 40 pays. Éloi Hermann Monkam était à Casablanca, au Maroc, le 25 janvier dernier, pour la remise des prix, au cours de laquelle l’entreprise a également décroché le prix spécial du groupe marocain Holmarcom.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Économie & Entreprises
- La Côte d’Ivoire, plus gros importateur de vin d’Afrique et cible des producteurs ...
- Au Maroc, l’UM6P se voit déjà en MIT
- Aérien : pourquoi se déplacer en Afrique coûte-t-il si cher ?
- Côte d’Ivoire : pour booster ses réseaux de transports, Abidjan a un plan
- La stratégie de Teyliom pour redessiner Abidjan