Cameroun : opération des forces de sécurité camerounaises au Nigeria
La raison de la présence des forces de sécurité camerounaises reste encore floue. Yaoundé s’est félicité lundi de l’extradition de 47 séparatistes, dont le leader du mouvement, réfugiés au Nigeria. Le résultat de plusieurs semaines de coopération avec les autorités nigérianes, alors que le Cameroun peine à endiguer la crise dans ses régions anglophones.
Des forces de sécurité camerounaises ont passé la frontière vers le Nigeria fin janvier, où près de 30 000 camerounais ont trouvé refuge après avoir fui les violences perpétrées dans les régions anglophones du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun, a-t-on appris ce mercredi 31 janvier de sources concordantes.
Circonstances floues
« La semaine dernière, entre 50 et 70 soldats camerounais sont venus à Danare pour nous dire que notre village d’origine [au Cameroun] était de nouveau sécurisé et qu’on pouvait y revenir », a raconté mercredi Tony Kajang, 22 ans, Camerounais anglophone réfugié dans l’État de Cross River, au Nigeria. L’information a été confirmée par d’autres réfugiés camerounais au Nigeria, et un habitant de Danare a souligné que les soldats n’avaient pas effectué d’opération armée.
Les gendarmes sont venus combattre les militants [camerounais anglophones] qui se sont réfugiés dans la communauté
« Des forces de sécurité sont venues des communautés du pays voisin au niveau du district de Boki » à la frontière entre le Nigeria et le Cameroun, a indiqué John Inaku, directeur général de l’Agence locale de gestion des urgences (Sema) pour l’État de Cross River. « Ce n’est pas la première fois que cela se produit », affirme-t-il, précisant qu’en « décembre, ils étaient dans le district d’Ekang ».
Les médias nigérians et camerounais indiquaient mercredi matin que 80 gendarmes camerounais avaient mené une opération militaire lundi 29 janvier à Danare, sans que cela puisse être confirmé mercredi. Selon des sources anonymes citées par le journal nigerian The Punch, « les gendarmes sont venus combattre les militants [camerounais anglophones] qui se sont réfugiés dans la communauté ».
Une source de la police locale a confirmé qu’il y a eu des militaires camerounais au Nigeria, mais n’a pas souhaité donner plus de détails sur les circonstances de la « présence d’hommes sur le territoire » nigérian. Pour Issa Tchiroma Bakary, le ministre de la Communication du Cameroun, « ces informations ne sont pour l’instant que des rumeurs ».
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De son côté, le porte-parole de l’armée, Didier Badjeck, a estimé « que toutes les conditions étaient réunies pour un retour dans les zones que les réfugiés ont quitté », mais n’a pas confirmé l’information de l’opération des forces de sécurité camerounaise.
Extradition des séparatistes
Les velléités d’indépendance du Cameroun anglophone et la présence de près de 30 000 réfugiés au Nigeria est source de tensions entre les deux pays. Le Nigeria, qui est également confronté à un mouvement indépendantiste des Biafrais dans le sud-est du pays, s’est toutefois rangé du côté du gouvernement camerounais ces dernières semaines, marquant un tournant important dans la crise.
Le président du mouvement séparatiste anglophone, Sisiku Ayuk Tabe, détenu au Nigeria depuis le 5 janvier, a été extradé lundi au Cameroun avec 46 de ses partisans, considérés comme des « terroristes » par Yaoundé.
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Une victoire pour les autorités camerounaises qui se sont félicitées lundi « du caractère excellent de la coopération multiforme qu’entretiennent le Nigeria et le Cameroun, notamment au plan sécuritaire ». Issa Tchiroma Bakary a fait état de la « détermination des gouvernements des deux pays […] à ne jamais tolérer que leurs territoires servent de base à des activités de déstabilisation dirigées contre l’un d’entre eux ».
Le Nigeria ne servira jamais de base arrière aux sécessionnistes camerounais
Ces arrestations avaient été l’aboutissement de multiples rencontres de haut niveau entre Yaoundé et Abuja. Le 7 décembre dernier, le haut-commissaire du Nigeria, Lawan Abba Gashagar, envoyé spécial de Muhammadu Buhari, était reçu au palais présidentiel de Yaoundé où il avait assuré que le Nigeria « ne servirait jamais de base arrière » aux sécessionnistes camerounais.
Mi-janvier, Amnesty International s’était inquiétée du sort des séparatistes détenus au Nigeria, estimant qu’ils « pourraient être menacés de torture et [s’exposer à un] procès inéquitable » dans leur pays d’origine.
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