Boko Haram : les jeunes filles du Nord-Cameroun dans la peur de l’enlèvement

À l’extrême nord du Cameroun, les jeunes filles du lycée de Fotokol redoutent d’être kidnappées comme l’ont été des lycéennes au Nigeria voisin.

Les jeunes filles du lycée de Fotokol, dans l’extrême nord du Cameroun, le 3 juin 2014. © AFP

Les jeunes filles du lycée de Fotokol, dans l’extrême nord du Cameroun, le 3 juin 2014. © AFP

Publié le 4 juin 2014 Lecture : 2 minutes.

La peur gagne les lycéennes du nord du Cameroun. Âgée de 15 ans, Sidonie Dimissigue témoigne : "J’ai trop peur que les Boko Haram arrivent dans notre établissement pour nous kidnapper. […] Au premier trimestre, je suivais bien les cours, mais depuis qu’ils ont enlevé les filles au Nigeria, je suis perturbée. […] Les idées se bousculent dans ma tête. J’en parle avec papa dans l’espoir d’être apaisée".

Le 14 avril, 276 filles avaient été enlevées dans leur lycée du nord-est du Nigeria par le groupe islamiste Boko Haram. La psychose gagne désormais le Nord-Cameroun frontalier, et en particulier les jeunes filles de Fotokol. Leur lycée est situé à quelques centaines de mètres seulement de la ville nigériane de Gamboru, où les islamistes avaient massacré 300 personnes début mai, selon des sources locales.

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Aïssatou Iyabete, élève en classe de seconde, dit aussi avoir "peur, parce qu’ils ont dit qu’ils allaient venir à Fotokol". Le 20 mai, à l’approche de la fête nationale de la jeunesse, des rumeurs selon lesquelles les islamistes planifiaient une attaque avaient circulé dans la ville, provoquant une panique générale. Mais il ne s’était finalement rien passé.

Bouleversement des comportements

L’enlèvement des lycéennes au Nigeria a bouleversé les comportements des collégiennes et lycéennes de Fotokol, modifiant également leur emploi du temps. "Nous avons attendu deux à trois semaines avant de reprendre les cours dans les groupes d’étude", rapporte Alice Kouvou, lycéenne de 20 ans.

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"Mes parents qui vivent dans une autre ville m’ont demandé de quitter Fotokol, disant que ça ne servait à rien de perdre sa vie à l’école", affirme la jeune fille. Alice a toutefois choisi de continuer à étudier. L’étudiante craint aussi que le rapt des lycéennes nigérianes puisse "radicaliser les parents musulmans", qui déjà "n’aiment pas envoyer leurs enfants à l’école", surtout les filles.

La région de Fotokol, où vit une grande majorité de musulmans, fait partie des zones sous-scolarisées de l’extrême-nord camerounais.

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"Personne n’a le droit d’imposer une religion à une autre personne"

Toutes ces lycéennes condamnent les agissements des islamistes armés nigérians. Pour Joceline Ada, élève en classe de 3e, ce que fait Boko Haram "n’est pas bien parce qu’ils veulent détruire l’avenir de ces filles". Sidonie Domissigue ajoute que "l’éducation de la jeune fille est une priorité. L’acte des islamistes n’est pas tolérable. Ils ont tort de marier les filles et de les islamiser par force […], personne n’a le droit d’imposer une religion à une autre personne".

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Dans une vidéo, le groupe islamiste avait affirmé avoir converti à l’islam les lycéennes enlevées et vouloir les marier de force. Pour lutter contre la menace, quelque 300 soldats et gendarmes camerounais ont été déployés dans la ville ces derniers jours.

(Avec l’AFP)
 

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