RDC – Mgr Mulumba : « La famille n’envisage pas l’enterrement de Tshisekedi à Bruxelles »

Une année jour pour jour après sa mort à Bruxelles, Étienne Tshisekedi n’est toujours pas enterré. Le corps de l’opposant historique congolais est encore dans un funérarium de la capitale belge. « Inacceptable », selon son frère, Mgr Gérard Mulumba, qui s’est confié mercredi soir à Jeune Afrique.

Les Congolais de la diaspora rendent un dernier hommage à l’opposant Étienne Tshisekedi à Bruxelles, le 5 février 2017. © Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA

Les Congolais de la diaspora rendent un dernier hommage à l’opposant Étienne Tshisekedi à Bruxelles, le 5 février 2017. © Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA

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Publié le 1 février 2018 Lecture : 3 minutes.

« Une honte nationale. » Sur Twitter, c’est le député Patrick Muyaya qui décrit le mieux le sentiment de beaucoup de Congolais indignés par le non rapatriement de la dépouille d’Étienne Tshisekedi, décédé le 1er février 2017 à Bruxelles. Douze mois après le décès de cette figure emblématique de l’opposition, les tractations autour de son enterrement se trouvent aujourd’hui au point mort.

Pour le gouvernement congolais, c’est la famille biologique de l’opposant historique mais aussi son parti, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), qui seraient responsables du blocage. « Faux ! » rétorque Mgr Gérard Mulumba, convaincu que son frère, même mort, continue à faire peur au régime de Joseph Kabila.

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Jeune Afrique : Quel est l’état d’esprit aujourd’hui de la famille biologique d’Étienne Tshisekedi que vous représentez ?

Mgr Gérard Mulumba : C’est une situation inacceptable ! Nous, la famille biologique mais aussi politique d’Étienne Tshisekedi, nous avons fait confiance aux autorités. Dès le début [des négociations], nous avons cru que le gouvernement allait tout faire pour rapatrier le corps et l’enterrer.

Nous avons fait des propositions sur le lieu de l’inhumation, comme les autorités nous le demandaient. Mais elles ont toutes été rejetées [Le 6 février 2017, la famille avait décliné de son côté le choix du cimetière de La Gombe, dans le centre-ville de Kinshasa, tel que décidé par le gouvernement, NDLR]. C’est pourquoi, au mois de mai, nous avons finalement opté pour un lieu à la périphérie de la ville de Kinshasa.

Une fois informé, le ministère de l’Intérieur nous a convoqué et des discussions ont de nouveau été relancées. Nous sommes même parvenus à rédiger un projet de communiqué conjoint. Ce document devrait être publié avec le programme des obsèques. Mais, malheureusement, des réunions ont été suspendues jusqu’à ce jour par le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur.

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Depuis mai 2017, il n’y a donc plus eu des contacts entre la famille de Tshisekedi et le gouvernement congolais…

Et, surtout, aucun motif de cette suspension nous a été communiqué.

L’ambassadeur belge nous a dit que le gouvernement congolais ne veut pas que le corps de Tshisekedi rentre en RDC

Que répondez-vous à ceux, au sein du gouvernement, qui accusent aussi bien la famille biologique que politique d’Étienne Tshisekedi d’avoir conditionné le retour de la dépouille à la nomination de son fils, Félix Tshisekedi, au poste de Premier ministre ?

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Lorsqu’Étienne Tshisekedi est mort, nous avons en effet pensé, au début, que si on nommait un Premier ministre qui répond à l’attente de la population et conformément à l’accord politique de la Saint-Sylvestre, les obsèques allaient se dérouler sans problème. Mais comme les autorités ne l’entendaient pas de cette oreille, nous avons évolué et laissé tomber ce point de vue.

D’ailleurs, dès le mois de mai, lorsque les pourparlers avaient repris, nous n’en parlions plus. Nous avons donc accepté que le gouvernement prenne en charge les frais de rapatriement, comme il le souhaitait. Il n’y avait plus aucune condition de notre part.

Comment expliquez-vous le blocage qui persiste autour de ce rapatriement, malgré la levée de vos conditions initiales ?

Les autorités ne nous ont toujours pas donné des raisons du blocage. Nous ne pouvons que croire à ce qui se dit : « Tshisekedi mort continue à leur faire peur ! » Nous en avons parlé à l’ambassadeur belge. Celui-ci nous a clairement dit que le gouvernement congolais ne veut pas que le corps de Tshisekedi rentre en RDC. Pourquoi ? Les Belges non plus ne connaissent la raison exacte de ce refus.

Les autorités ont-elles peur de ne pas parvenir à maîtriser la foule, quand le corps de Tshisekedi arrivera à Kinshasa ? Considèrent-elles que ce serait la fin du régime ? Voilà les questions qu’il faut se poser.

Le gouvernement doit respecter sa parole et s’impliquer pour le retour du corps de Tshisekedi en RDC

Selon vous, comment faut-il procéder pour débloquer cette situation et permettre enfin le rapatriement du corps de Tshisekedi ?

Nous ne voyons plus d’issue à ce blocage. Nous regrettons ce silence du gouvernement qui dure depuis plus de sept mois. Depuis que les discussions ont été suspendues. Nous lui lançons de nouveau un appel pour qu’il respecte sa parole et s’implique pour le retour du corps d’Étienne Tshisekedi en RDC.

En attendant, l’enterrement ne serait-ce que provisoire d’Étienne Tshisekedi en Belgique est-il envisageable ?

À ce stade, la famille n’envisage pas l’enterrement d’Étienne Tshisekedi à Bruxelles. Nous préférons qu’il soit inhumé en RDC. La raison est simple : de son vivant, sauf pour des raisons de santé, il n’a jamais voulu rester en Belgique. Même convalescent, Tshisekedi souhaitait toujours regagner le territoire national. L’enterrer en Belgique n’est donc pas la solution.

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