FMI : fortement décriée en Tunisie, l’institution tente de recoller les morceaux
En marge d’une conférence internationale autour de la croissance dans le monde arabe, qui avait lieu cette semaine à Marrakech, coorganisée par le FMI, la présidente de l’institution, accusée par les Tunisiens d’avoir poussé leur gouvernement à prendre des mesures d’austérité, a rencontré le Premier ministre du pays, Youssef Chahed.
Une centaine d’experts du Fonds monétaire international (FMI) et des personnalités de la finance du monde arabe étaient réunis cette semaine à Marrakech. Au menu, une conférence régionale ayant pour thème « Opportunités pour tous : croissance, emplois et inclusion dans le monde arabe », organisée conjointement par le FMI, le Fonds monétaire arabe et le gouvernement marocain.
Faiblesse de la croissance, chute des cours mondiaux des produits de base, conflits récurrents, attentats, chômage supérieur à 25 % chez les jeunes et corruption endémique… Les difficultés et les défis à surmonter ne manquent pas pour les 22 pays de cette région.
« La montée des tensions sociales et des manifestations dans plusieurs pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord montrent clairement que le désir de prospérité, d’équité et d’avenir des habitants de la région reste insatisfait », a notamment affirmé Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient du FMI, dans un rapport publié en prélude à l’événement. « Les habitants de la région réclament la croissance économique et l’équité. Et c’est leur droit », ajoute-t-il.
Ces frustrations sont notamment prégnantes en Tunisie, où des manifestations régulières ont lieu depuis le début de l’année 2018 contre la loi de Finances, considéré comme un plan d’austérité pour lequel les manifestants pointent du doigt l’institution internationale.
La présidente du FMI déclare « comprendre les frustrations des Tunisiens »
Le 17 janvier 2018, une chercheuse et militante, Jihen Chandoul, publiait ainsi sur le site du journal britannique The Guardian une tribune où elle accusait le FMI d’avoir « étranglé » la Tunisie. Preuve que l’institution reste attentive à ces accusations et au sentiment des Tunisiens, dès le lendemain, une réponse était publiée sur le site du FMI.
Il faut aussi comprendre que dans certains domaines, la fiscalité doit être honorée
Le 30 janvier, en marge de cette conférence, a eu lieu une rencontre entre Christine Lagarde et le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed. À l’issue de cet entretien, Christine Lagarde a déclaré « comprendre la frustration des Tunisiens qui n’ont pas encore bénéficié des retombées économiques de la transformation politique ».
27 millions de jeunes bientôt sur le marché du travail
Mais il ne s’agit pas pour autant d’infléchir la politique du gouvernement : « Les réformes sont essentielles pour permettre aux Tunisiens de voir le chômage baisser et sentir la croissance s’accélérer. Nous soutenons les réformes du gouvernement », a encore déclaré la Française.
Sur France 24, elle a précisé son point de vue : « Suffisamment de mesures doivent être prises pour protéger les plus pauvres […] mais en même temps, il faut aussi comprendre que dans certains domaines, la fiscalité doit être honorée. »
Plus globalement, la conférence régionale est venue tenter d’apporter des réponses aux « frustrations » ressenties dans certains pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Les débats ont essentiellement porté sur « les solutions pratiques pour surmonter les obstacles à la mise en œuvre de politiques de croissance inclusive ». D’autant plus que la poussée démographique dans la région devrait amener, sur les cinq prochaines années, 27 millions de jeunes sur le marché du travail dans le monde arabe.
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