Injuste !
La presse internationale et la critique étaient quasi unanimes : Timbuktu, d’Abderrahmane Sissako pouvait prétendre à la Palme d’or ou tout du moins recevoir l’un des prix du Festival de Cannes. Les réalisateurs et comédiens africains présents sur la Croisette, comme Moussa Touré, Eriq Ebouaney ou Rahmatou Keïta, n’étaient pas, évidemment, les moins émus et les moins enthousiastes après avoir vu Timbuktu et n’hésitaient pas à parler pour leur part d’un chef-d’oeuvre qui avait toutes les chances de devenir le deuxième film du continent – après Chronique des années de braise de l’Algérien Mohammed Lakhdar Hamina couronné en 1975 – et même le premier du sud du Sahara à remporter la récompense suprême si convoitée. La veille du verdict, l’attribution à Timbuktu de deux récompenses "annexes", le prix du Jury oecuménique et le prix François-Chalais, qui entendent l’un et l’autre distinguer le meilleur film "humaniste" du festival, venait confirmer son statut d’oeuvre incontournable de cette 67e édition. Ce récit superbe et poignant du martyre d’un couple de Touaregs à l’heure de l’occupation du Nord-Mali par des jihadistes ne pouvait donc pas, c’était certain, avoir laissé de marbre le jury dirigé par Jane Campion.
Rien d’étonnant, donc, si l’absence de Timbuktu au sein d’un palmarès en fin de compte plutôt consensuel à cette exception près est apparue non seulement comme une surprise, mais aussi comme une véritable injustice. D’autant que cette absence paraît aussi bien artistiquement que "politiquement" – le film n’évoquait-il pas avec un évident souci éthique un sujet encore dans l’actualité ? – presque inexplicable. Le public, dans les salles, réparera bientôt, n’en doutons pas, ce faux pas du jury cannois.
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