Algérie : Bouteflika et Zéroual, deux présidents, deux styles

Pour Abdelaziz Bouteflika, El-Mouradia est the place to be. Pour Liamine Zéroual, en Algérie, c’est l’endroit à fuir.

Abdelaziz Bouteflika et un ami, à Damas, dans les années 1980. © DR

Abdelaziz Bouteflika et un ami, à Damas, dans les années 1980. © DR

FARID-ALILAT_2024

Publié le 11 juin 2014 Lecture : 2 minutes.

À 77 ans, il a été élu pour un quatrième mandat en avril 2014. Mais en 1978, Abdelaziz Bouteflika avait fort mal vécu son éviction du pouvoir à la mort du président Houari Boumédiène. Alors qu’il était son successeur putatif et qu’il était chef de la diplomatie algérienne depuis dix-sept ans, il avait été écarté par les militaires, qui lui avaient préféré l’un des leurs, le colonel Chadli Bendjedid. Exclu du comité central du FLN, poursuivi par la Cour des comptes pour détournement de fonds, ses deux villas confisquées, Bouteflika tombe en disgrâce.

Il quitte Alger fin 1981 pendant six ans. Ses pérégrinations le mènent d’abord à Damas, où les Syriens mettent à sa disposition un appartement dans un quartier huppé de la capitale et une rente mensuelle de 4 000 dollars (2 900 euros). L’exil damascène est de courte durée. Bouteflika vadrouille alors entre Paris, Genève et Abou Dhabi. Là, le souverain Cheikh Zayed le prend sous son aile : il fait du lobbying dans le cadre du contentieux entre Iraniens et Émiratis autour des trois îles, Grande Tombe, Petite Tombe et Abou Moussa, situées à l’entrée du détroit d’Ormuz.

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Sa traversée du désert ? "J’ai voyagé, lu, entretenu mes amitiés à l’étranger parce que je n’en avais pas beaucoup à l’intérieur, confia-t-il en 1999. Je ne voulais pas en avoir." Réhabilité en 1989 avec restitution de ses biens, Bouteflika refusera néanmoins le pouvoir que lui offrent les généraux en 1994, en pleine guerre civile, et s’exile de nouveau avant de revenir par la grande porte cinq ans plus tard.

Zéroual n’a cessé de fuir le pouvoir

Si Bouteflika se maintient au pouvoir depuis 1999, son prédécesseur, Liamine Zéroual, n’a pas cessé de le fuir. Commandant des forces terrestres en 1989, il démissionne en 1990 et devient ambassadeur en Roumanie. Au bout de neuf mois à Bucarest, le général rentre chez lui à Batna, dans les Aurès. "D’autres se seraient saignés aux quatre veines pour garder ce poste, mais pas Zéroual, confie l’un de ses anciens collaborateurs. Il ne court pas après le pouvoir et ses privilèges." Retraité à 57 ans, Zéroual s’installe dans sa villa, construite avec ses propres deniers.

Les autorités lui proposent une résidence au Club des Pins et une voiture blindée, il refuse. "C’est sur insistance du général Toufik [patron des services] que Zéroual accepte le véhicule, témoigne un proche. La voiture est alors mise sur cales dans le garage." De quoi vit alors ce grand-père de 72 ans ? "Son salaire d’ex-chef de l’État – 700 000 dinars [près de 6 500 euros] – lui suffit largement, avance l’un de ses amis. Zéroual a pour habitude de prendre sa voiture et de faire la tournée des villages des Aurès pour distribuer une partie de sa pension aux démunis." Revenir aux affaires, comme le supplient certains de ses compatriotes ? En aucun cas !

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