Lambert Mendé Omalanga « Ne faites pas à Kabila de procès d’intention ! »

Lambert Mendé Omalanga, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement a souhaité réagir dans nos colonnes.

Publié le 2 juin 2014 Lecture : 3 minutes.

Évoquant dans votre dernière livraison (J.A. no 2785) la récente visite en France du président Kabila, vous en avez réduit la substance à la polémique sur les intentions réelles ou supposées du numéro un congolais à se représenter à la présidentielle de 2016. Votre article intitulé "La stratégie du félin" lie la rencontre entre les chefs d’État français et congolais à de fausses déclarations prêtées au secrétaire d’État américain John Kerry selon lesquelles il aurait "enjoint" à Joseph Kabila de "ne pas se présenter pour un nouveau mandat". […]

Jeune Afrique érige en "question qui agite le Tout-Kinshasa" le débat sur l’intention présumée du chef de l’État de violer la Constitution – un débat qui a certes défrayé la chronique à un moment, mais qui a quitté la sphère publique pour devenir l’affaire d’une certaine opposition radicale depuis que le président congolais lui-même a affirmé, à Kingakati, n’avoir nullement l’intention de comploter contre la Constitution. […]

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Joseph Kabila n’a pas, jusqu’à ce jour, fait acte de candidature et tout cela n’est, en définitive, qu’un banal procès d’intention. Mais les Congolais sont préoccupés par tout autre chose, et notamment par la croissance économique, la pacification de l’Est ou encore la formation du gouvernement de cohésion nationale annoncée depuis fin 2013. Pour en revenir au séjour parisien de Joseph Kabila, l’auteur de l’article, Christophe Boisbouvier, donne l’impression de regretter que les relations entre la France et la RD Congo soient passées "de la période des poignées de main glaciales à l’accueil à bras ouverts". Nous, Congolais, sommes très heureux de voir nos deux pays réussir à dépasser la fâcherie de 2012. On peut lire aussi que "la France fait profil bas et laisse aux États-Unis le soin de dire son fait à Joseph Kabila". À ce propos, nous avons eu à souligner à plusieurs reprises la similitude des vues exprimées à Kinshasa par John Kerry avec celles des dirigeants de la RD Congo. Personne n’a entendu les mots que Jeune Afrique tient à lui mettre dans la bouche. Ils ne reflètent pas la vérité, et l’idée qu’il ait pu asséner des "injonctions" au chef de l’État charrie une bonne dose de mépris envers les Congolais. […]

Au demeurant, toutes les élucubrations relatives au principal sujet de l’article relèvent soit de pronostics, soit de supputations gratuites. Qu’il y ait des réflexions sur ce qu’il convient de faire pour s’assurer que la RD Congo continue sur la voie des acquis obtenus aux plans sécuritaire et économique, tout en respectant les règles du jeu démocratique, relève d’un exercice tout à fait ordinaire. Il n’y a pas de quoi ourdir des affrontements électoralistes prématurés entre différentes composantes de la nation sur un débat ne répondant aujourd’hui à aucune réalité, sauf à vouloir jouer au pyromane. Dès 2011, le président Kabila a été très clair sur son rapport à la Constitution, et l’on en vient à se demander comment l’auteur de cet article et ceux qui pensent comme lui voudraient que soit exprimée la volonté, maintes fois réitérée, du chef de l’État de "respecter la Constitution, rien que la Constitution et toute la Constitution" afin que cela soit clair pour tout le monde.

Réponse de la rédaction

1) Les propos du secrétaire d’État Kerry et de son émissaire spécial pour les Grands Lacs, Russell Feingold, étaient publics et ont été rapportés par une dépêche AFP du 4 mai que nul, à notre connaissance, n’a démentie. J.A. a repris ces citations, sans y ajouter un seul mot.

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2) Nous estimons que le débat sur la présidentielle de 2016 demeure posé. Non seulement par MM. Kerry et Feingold, mais surtout par les Congolais eux-mêmes, et ce depuis au moins un an. Vous-même y avez participé, tout comme des membres éminents de la majorité (Évariste Boshab, Aubin Minaku, etc.) ainsi que les chefs de l’opposition.

3) Ce débat est, selon vous, dépassé. C’est votre opinion et nous la respectons. Vous comprendrez certainement en retour que J.A. est libre de choisir les sujets qu’il aborde, sans tabous, ainsi que le moment où il les traite.

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François Soudan

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