Tunisie : « journée de colère » des journalistes après des menaces

De nombreux journalistes tunisiens ont observé vendredi une « journée de colère » à l’appel de leur syndicat, pour protester contre des menaces et exactions policières après une série d’incidents récents.

La police tunisienne sur les lieux de l’attaque au couteau du 1er novembre 2017. © Hassene Dridi/AP/SIPA

La police tunisienne sur les lieux de l’attaque au couteau du 1er novembre 2017. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Publié le 2 février 2018 Lecture : 2 minutes.

« Notre crainte en tant que syndicat, c’est qu’il y ait une politique d’État pour ramener la presse en arrière« , a déclaré Néji Bghouri, président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT). « Aujourd’hui ils veulent créer une presse aux ordres, ils veulent une presse qui fasse ce qu’ils veulent ».

Une centaine de journalistes arborant pour la plupart un brassard rouge en signe de protestation se sont rassemblés devant le siège du syndicat.

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Menaces de viol

Les manifestants réagissaient à une série d’interpellations de journalistes tunisiens et étrangers, à des menaces de viol envers des journalistes publiées sur facebook par un membre de syndicat de police et des propos du ministre de l’Intérieur tunisien sur « l’interception » d’un correspondant, laissant craindre d’éventuelles écoutes téléphoniques.

Plusieurs journaux ont affiché vendredi en Une un encart « presse en colère » et les présentateurs du journal de la mi-journée sur la chaîne publique Wataniya 1 ont arboré le brassard rouge. Des manifestants ont eux brandi une caricature du ministre de l’Intérieur Lotfi Brahem avec un téléphone.

« Nous voyons pour la première fois depuis la révolution, lorsque des journalistes enregistrent ou vont tourner dans la rue, un policier qui vient leur dire +montrez-moi ce que vous avez tourné+ (…). C’est de la censure préventive », a dénoncé Néji Bghouri.

« Le monde entier nous a nui »

Amnesty International a de son côté appelé dans un communiqué le gouvernement à « cesser les attaques contre la liberté d’expression ».

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« De tels agissements rappellent des pratiques du passé qui n’ont pas leur place dans la société tunisienne moderne », a souligné Amnesty. « La surveillance et le harcèlement policier de journalistes en raison de leur travail est une violation évidente de la liberté de la presse. »

La Fédération tunisienne des directeurs de journaux a elle regretté que « le chef de l’État (…) recommence à critiquer la presse internationale entre autres ». « Ça nous (rappelle) un moment que nous croyions à jamais dépassé« , a dit son président Taïeb Zahar.

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Le président Béji Caïd Essebsi a critiqué mi-janvier la couverture par la presse étrangère de protestations sociales ayant secoué plusieurs villes de Tunisie quelques nuits durant. « Le monde entier nous a nui. Il y a eu de l’exagération dans la presse étrangère », a-t-il estimé.

Reporters sans frontières avait alors condamné des pressions sur les journalistes, tandis que le Club des correspondants étrangers en Afrique du Nord (NAFCC) avait exprimé son « inquiétude » devant la « pression grandissante » après la brève interpellation de plusieurs correspondants.

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