Répression des marches anti-Kabila : une commission d’enquête mise en place par le gouvernement

Une commission d’enquête mixte a été mise en place jeudi par les autorités congolaises pour enquêter sur les exactions commises lors des marches anti-Kabila du 31 décembre 2017 et du 21 janvier 2018.

Des participants à la marche anti-Kabila de ce 21 janvier 2017, sous les gaz lacrymogènes. © REUTERS/Kenny Katombe

Des participants à la marche anti-Kabila de ce 21 janvier 2017, sous les gaz lacrymogènes. © REUTERS/Kenny Katombe

Publié le 3 février 2018 Lecture : 2 minutes.

« Les auditions de témoins vont débuter lundi prochain », assure à Jeune Afrique Marie-Ange Mushobekwa, la ministre congolaise en charge des Droits humains, qui a signé jeudi l’arrêté créant cette commission d’enquête. 

Son objectif ? Faire la lumière sur les « allégations des violations de droits de l’homme commises le 31 décembre  2017 et le 21 janvier 2018 sur l’ensemble du territoire national », afin que leurs « présumés auteurs soient poursuivis en justice ». D’après les Nations unies, au moins une dizaine de personnes ont été tuées lors de la répression policière des manifestations de chrétiens contre le régime de Kinshasa.  

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Une commission censée durer seulement dix jours

À la mi-janvier, la ministre en charge des Droits humains avait déjà confié à Jeune Afrique sa volonté de créer cette commission d’enquête, précisant toutefois que cela prendrait « sûrement beaucoup de temps ». « Depuis, il y a eu les événements du 21 janvier, explique-t-elle. Et je voulais que cette commission puisse se tenir au plus vite pour que les victimes soient motivées à parler. Si nous avions attendu davantage, peut-être, auraient-elles été moins disposées… »

Prévue pour durer seulement dix jours, du 1er au 10 février 2018, la commission est constituée selon l’arrêté ministériel de représentants du ministère des Droits humains (5 délégués), du ministère de la Justice (2 délégués), de la Commission nationale des droits de l’Homme (3 délégués), du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (2 délégués), de l’Union africaine (1 délégué) et d’organisations de la société civile (6 délégués).

Quel rôle pour les Nations unies ? 

Interrogée sur la présence de délégués du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’Homme, la Monusco déclare « soutenir tous les efforts pour lutter contre l’impunité ». « Pour autant, il n’y a pas de délégués du BCNUDH dans cette commission », affirme une source de la force onusienne en RDC. « Ce sont plutôt des observateurs, nuance la ministre. Car nous voulons que les Nations unies soit témoin de la transparence de notre démarche. »

Même imbroglio autour de la présence de délégués de l’ONG la Voix des Sans Voix, qui affirme avoir donné hier « son accord de principe, à condition de consulter au préalable notre base ».« Ce qui n’a pas encore été fait », indique son directeur exécutif, Dolly Ibefo Mbunga.

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Des délais d’enquête extrêmement courts, des participants qui n’ont pas donné leur accord… La commission d’enquête de la ministre risque-t-elle de finir en pétard mouillé ? « Je ne peux pas garantir que les coupables seront jugés et condamnés, admet George Kapiamba, président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), qui a annoncé sa participation à la commission. Mais la décision de la ministre représente un premier pas en ce sens. Hier, le gouvernement niait les violations des droits de l’Homme lors de la répression policière. Aujourd’hui, il reconnaît qu’il y a eu des victimes. C’est déjà une victoire. »

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