Tunisie : des ONG accusent Macron de ne pas avoir entendu la société civile

Dix ONG, pour la plupart tunisiennes, ont critiqué vendredi le président français Emmanuel Macron, jugeant qu’il n’avait pas entendu la société civile sur un climat « de plus en plus tendu » en matière de droits humains lors de sa visite d’Etat à Tunis.

Emmanuel Macron et Youssef Chahed, au forum économique franco-tunisien, le 1er février 2018. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Emmanuel Macron et Youssef Chahed, au forum économique franco-tunisien, le 1er février 2018. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Publié le 3 février 2018 Lecture : 2 minutes.

Des propos tenus par Emmanuel Macron sur l’État de droit en Tunisie « traitent par le mépris les signaux d’alarme lancés récemment par de multiples acteurs de la société civile tunisienne quant à l’impunité qui accompagne la brutalité policière, les arrestations arbitraires ainsi que les conditions de détention », ont déploré des ONG tunisiennes dans un communiqué.

Brutalités policières

Parmi les signataires figurent la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH), les militants de la transparence politique Al Bawsala et l’organisation Avocats sans frontières (ASF).

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Ils mentionnent également « la menace pesant sur la liberté d’expression et de la presse ainsi que la diabolisation des mouvements de revendications sociales, économiques et environnementales ».

Mercredi, pendant une conférence de presse conjointe avec son homologue tunisien Béji Caïd Essebsi, le chef de l’Etat français avait été interrogé sur un communiqué de Human Rights Watch (HRW), dans lequel l’ONG dénonçait des brutalités policières et l’arrestation de plusieurs militants pour avoir distribué des tracts lors d’une récente vague de manifestations sociales.

Liberté d’expression

« Il faut toujours être exigeant (…) mais cette humilité ne doit pas nous enlever la juste proportion dans les dénonciations que nous pouvons faire », a répondu Emmanuel Macron.

« Si nous voulons aider les démocrates dans les situations difficiles, il serait bon que nous confrontions nos principes au réel en permanence parce que c’est ça, gouverner avec les droits de l’Homme (…) dans les temps du terrorisme et de la difficulté », a-t-il ajouté.

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« Est-ce que ces arrestations se font dans un contexte d’un État qui n’est pas un État de droit? Je ne suis pas une ONG mais de mon point de vue, non », a-t-il conclu.

La Tunisie, où une révolution a renversé la dictature en 2011, est régulièrement louée comme étant l’unique pays où les élans démocratiques du Printemps arabe se sont concrétisés. Elle a adopté une nouvelle Constitution et organisé des élections libres et transparentes.

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Mais si la liberté d’expression est le principal acquis du soulèvement jusqu’ici, la société civile met régulièrement en garde contre des pratiques allant à l’encontre de l’État de droit. Les autorités, elles, plaident pour l’indulgence en raison de la jeunesse de la démocratie tunisienne.

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