Le Togo nationalise l’hôtel 2 février
L’Assemblée nationale togolaise a adopté le projet de loi de nationalisation de l’hôtel 2 février. Cédé en 2006 au holding Libyan African Investment Company, qui s’était engagé à le réhabiliter, ce fleuron de l’hôtellerie togolaise est à l’arrêt et dans un état dégradé.
C’est à l’unanimité que les députés togolais ont adopté le projet de loi de « nationalisation de l’ensemble immobilier et mobilier de l’hôtel 2 février » de Lomé, le jeudi 6 novembre.
Selon une note publiée sur le site de l’Assemblée nationale du Togo, ce projet de loi répond au fait que la cession de cet établissement à Libyan Arab African Investiment Compagny (Laaico), « les travaux de réhabilitation prévus par le contrat ne sont pas faits. Pire, le partenaire a purement et simplement arrêté les activités de l’hôtel et démonté tout son ameublement et son équipement ».
Dégradation
Au vrai, la dégradation de cet établissement est plus ancienne. Dès son inauguration en 1980, cet immeuble de 102 mètres s’est imposé comme un des symboles de Lomé et l’un des fleurons de l’hôtellerie togolaise avec ses 36 étages, ses 368 chambres – dont 52 suites présidentielles et 52 suites ministérielles.
Géré par le groupe Sofitel pendant plus d’une décennie puis confié en 2002 à Corinthia Hotels International, propriété de la famille maltaise Pisani, l’hôtel 2 février est confronté dès la fin des années 1990 à de nombreuses difficultés matérielles et financières.
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En février 2000, le gouvernement togolais souscrit un prêt d’une vingtaine de millions de dollars auprès de Laaico (devenu par la suite Laico), filiale de la Lybian Arab Foreign Investment Company (Lafico), le bras financier de la Libye à l’étranger. Le remboursement de ce prêt, destiné à financer la réhabilitation de l’établissement hôtelier, n’a jamais eu. La rénovation de l’hôtel non plus.
Les créances accumulées six ans plus tard atteignaient 24,25 millions de dollars. C’est en contrepartie de l’abandon de cette dette et d’un engagement à réhabiliter l’hôtel 2 Février, que ce dernier a été cédé à Laico, début 2006.
Malgré les nombreuses concessions fiscales accordées au holding libyen dans le cadre de cette reprise – et en dépit des engagements pris lors de la signature de l’accord de cession, puis en 2008 – les travaux de rénovation de l’établissement n’ont pas été réalisés avant l’éclatement de la guerre civile libyenne.
Risque
Avec cette nationalisation, le gouvernement fait un pari risqué. Laico, qui dispose d’un large portefeuille d’établissements hôteliers et touristiques dans un quinzaine de pays d’Afrique subsaharienne et dont les investissements dans la région dépassent un milliard de dollars, peut contester cette nationalisation devant la justice internationale, notamment auprès de la Cour commune de Justice et d’arbitrage de la CCJA, à Abidjan.
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En effet, le contrat de cession signé en 2006 contient une clause garantissant Laico contre toute nationalisation ou expropriation sans « une juste et préalable indemnisation », ainsi que des dispositions stipulant qu’un retard ou un manquement dans l’application de l’accord entre les deux parties ne peut être « interprété comme une renonciation d’une des parties à un de ses droits ».
Pour expliquer sa décision, l’État togolais, selon la note de l’Assemblée nationale, s’est dit incapable de « laisser le fleuron de l’hôtellerie togolaise végéter dans cette situation » et a justifié la nationalisation par le besoin de « préserver le patrimoine national et sauvegarder les intérêts des Togolais ».
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