L’obésité grignote du terrain en Afrique
Alors que ce fléau frappait essentiellement les nations riches, les pays émergents sont à leur tour atteints de plein fouet. Sur le continent, la Libye et l’Afrique du Sud sont les plus touchées.
À l’époque, l’image avait prêté à sourire. C’était en novembre 2011 : Khulubuse Zuma, le neveu du chef de l’État sud-africain, affirmait très sérieusement qu’il ne pouvait venir témoigner devant la justice, alors que son entreprise minière était mise en cause. La raison invoquée ? Une mauvaise santé due à un surpoids lié au train de vie fastueux de cet amateur de cigares. De quoi déchaîner les critiques des caricaturistes sud-africains… Mais les lazzis laissent place à la stupeur lorsque, quelques semaines plus tard, un enfant de 9 ans du Cap-Oriental s’effondre en classe et succombe à une attaque cardiaque. Il pesait 115 kg. Il fait partie de ces 3 millions de personnes qui décèdent chaque année des suites de leur obésité.
Trois ans plus tard, ce fléau s’est encore aggravé, selon une étude financée par la Fondation Bill et Melinda Gates, menée dans 188 pays par plus de 150 chercheurs du monde entier, et publiée le 29 mai dans la revue médicale The Lancet.
L’obésité a longtemps été le triste apanage des seules sociétés occidentales, où vivent deux obèses sur trois. Désormais, elle touche aussi des pays tels que l’Égypte ou l’Arabie saoudite, dans lesquels la progression a été la plus significative entre 1980 et 2003.
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L’Afrique subsaharienne n’est pas en reste. Ainsi, le Sénégal, le Cameroun et le Gabon figurent parmi les États les plus touchés par l’obésité et le surpoids. Mais la palme revient à la Libye, où plus de 50 % de la population est obèse, suivie par l’Afrique du Sud.
Par ailleurs, si les obèses d’Occident sont principalement des hommes, dans les pays émergents, ce sont les femmes qui sont les plus frappées par ce fléau qualifié de "pandémie" par les chercheurs. La sédentarisation et l’attrait pour une nourriture occidentale déséquilibrée expliquent que les Africaines soient particulièrement touchées. Des croyances socioculturelles alimentent cette obésité parfois perçue comme un critère de beauté, de santé et de fécondité.
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Ainsi, en Afrique du Sud, le surpoids de la gent féminine est encouragé au sein de certaines ethnies qui portent au pinacle "celles qui font trembler la terre quand elles marchent". Les femmes fines ou élancées peuvent alors être stigmatisées, et leur minceur est assimilée à une maladie comme le sida. Derrière cet esthétisme des rondeurs, qui plaît tant aux hommes, se cache un fléau médical dû à l’adoption d’un style de vie et d’un modèle économique occidentalisés.
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