Baromètre : les entrepreneurs tunisiens sont optimistes
Oxford Business Group et KPMG ont rendu publics ce lundi les résultats de leur premier baromètre sur l’état d’esprit des entrepreneurs tunisiens. Si ces derniers se montrent sévères à l’égard des décideurs politiques, ils affichent néanmoins une belle confiance en l’avenir et se disent prêts à investir.
Pour la première fois en Tunisie, la société de consulting Oxford Business Group a publié, lundi, un baromètre sur l’état d’esprit des entrepreneurs, élaboré en partenariat avec le bureau tunisien du cabinet d’audit KPMG. Une étdue qui, il faut le souligner, a été réalisée avant la promulgation de la très critiquée loi de finances 2018.
Ils sont 77 % des quelque cent dirigeants interrogés à considérer positifs, voire très positifs, les conditions commerciales dans leur secteur pour les 12 prochains mois. 81 % envisagent « probablement » ou « très probablement » de faire un investissement conséquent dans l’année à venir.
Ce qui plombe l’ambiance, c’est le changement de Premier ministre tous les ans ou presque
« Nous ne devons pas avoir peur de dire que nous allons sur le bon chemin et de manière irréversible. Ce qui plombe l’ambiance, c’est le changement de Premier ministre tous les ans ou presque. Mais la vraie vie, c’est le privé, ce qui se passe au sein de chaque secteur d’activité. Assumons le fait de dire que nous sommes sur la bonne voie », positive Sara Masmoudi, la directrice générale du groupe pharmaceutique Teriak, présente lors du lancement de l’étude comme d’autres chefs d’entreprise du panel.
La dirigeante se félicite notamment d’une bonne transparence dans la conduite des affaires, comme 72 % de ses homologues, critère indispensable au moment de prendre la décision d’investir ou non.
« Manque de vision »
Zied Guiga, fondateur de Wallyscar, constructeur automobile tunisien, lui emboîte le pas, en insistant sur le changement de mentalité des entrepreneurs après la révolution de 2011 : « Avant on suivait les plans quinquennaux imposés, maintenant on s’est libéré du politique. L’environnement entrepreneurial est passé du stade d’adolescent à celui d’adulte. »
Sur le plan macroéconomique, le panel est plus mesuré. Près de la moitié (49 %) des décideurs table sur une croissance du PIB de 2 % à 3 % en 2018. Un vrai regain si l’on compare avec la croissance moyenne de 1 % après la révolution et de 2 % en 2017. Une perspective également partagée par le FMI qui pronostique une même fourchette de croissance pour le pays.
Néanmoins, des interrogations demeurent, à commencer par le sentiment d’un manque de vision au plus haut sommet de l’État. Interrogés sur les compétences dont la Tunisie a le plus besoin, les sondés sont 42 % à citer le « leadership », qui apparaît loin devant le second domaine cité, la recherche et développement (15 %).
Une enquête qui date d’avant la promulgation de la loi de finance
54 % des chefs d’entreprises du panel pensent que le Plan stratégique de développement (2016-2020) est « très insuffisant ». « Il est déjà caduc, s’emporte Ahmed El Karm, président du directoire d’Amen Bank. Il n’y a rien sur la digitalisation ou la robotisation ! Il faudrait une vision du pays à l’horizon 2030. »
Beaucoup plus court-termiste, Ibrahim Debache, PDG du concessionnaire Ennakl automobiles, porte un dernier coup de griffe à l’optimisme relatif de l’étude, en rappelant que les réponses ont été données avant la promulgation de la très décriée loi de finance 2018 : « Je pense que nos ressentis auraient été plus négatifs si les questions avaient été posées après la loi qui freine les importations et le développement. »
Le baromètre a été établi après des entretiens individuels anonymes en face-à-face avec une centaine d’entrepreneurs représentatifs de sociétés de tous secteurs, tailles, types (publics, privés, multinationales, PME, etc.).
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