Kenya : assassinat d’un enquêteur sur le trafic d’ivoire
Le corps sans vie d’Esmond Martin a été retrouvé dimanche soir par la police kényane. Cet expert de renommée mondiale avait dédié sa vie à la lutte contre le braconnage des éléphants.
Esmond Martin a été tué après avoir été poignardé dimanche 4 janvier dans sa maison de Karen, une banlieue chic de Nairobi. Âgé de 76 ans, ce géographe américain vivait depuis des décennies au Kenya, où il menait des enquêtes sur le trafic d’ivoire.
« La police a été appelée parce qu’il y avait une activité inhabituelle à sa maison de Karen, mais quand elle est arrivée elle n’a rien trouvé parce que la maison était fermée. On a retrouvé plus tard son corps avec des blessures à l’arme blanche et nous essayons d’établir qui l’a tué et pourquoi », a déclaré Japheth Koome, le chef de la police de Nairobi.
« Une enquête a été ouverte, mais aucun suspect n’a été arrêté jusqu’ici », a-t-il ajouté.
Le volet asiatique du trafic d’ivoire
Les travaux d’Esmond Martin portaient essentiellement sur la demande en ivoire des pays asiatiques, notamment en Chine, à Hong Kong, au Vietnam et au Laos.
Ses enquêtes, souvent co-écrites avec Lucy Vigne, ont contribué en 2017 à la décision de la Chine de fermer son marché légal d’ivoire, selon Paula Kahumbu, la directrice de Wildlife Direct, une organisation de protection des animaux. « Il était l’une des personnes les plus importantes s’efforçant de faire la lumière sur le commerce d’ivoire, en s’attaquant aux trafiquants eux-mêmes », a-t-elle déclaré.
Il a souvent mené son travail dans les endroits les plus isolés et dangereux de la planète
Iain Douglas-Hamilton, le fondateur de Save the Elephants, une organisation de protection des animaux qui a financé et publié plusieurs rapports d’Esmond Martin au fil des années, l’a décrit comme « l’un des grands héros méconnus de la défense des animaux ».
Un lien entre son travail et sa mort ?
« Il a souvent mené son travail méticuleux sur les marchés de l’ivoire et de la corne de rhinocéros dans les endroits les plus isolés et dangereux de la planète et avec des agendas si chargés qu’ils auraient épuisé un homme deux fois moins âgé que lui », a-t-il ajouté.
Esmond Martin travaillait actuellement sur un nouveau rapport, centré sur le rôle croissant de la Birmanie dans le trafic illégal d’animaux sauvages. Pour le moment, il est impossible de déterminer si sa mort est liée à son travail. « C’était mon ami depuis 45 ans et sa perte est un coup terrible, aussi bien personnellement que professionnellement », a indiqué M. Douglas-Hamilton.
Le braconnage aurait coûté la vie à 110 000 éléphants sur la décennie écoulée, des organisations criminelles transnationales ayant pris en main le trafic d’ivoire. Les chiffres les plus récents, pour 2016, montrent que le commerce illégal d’ivoire continue d’être florissant, avec un nombre record de saisies malgré un déclin du braconnage.
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