Smartphones : un big bang électronique en Afrique
Les téléphones intelligents sont en passe d’envahir le continent africain. Clients, opérateurs, constructeurs… Tous se tiennent prêts pour l’explosion du marché.
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En matière de smartphones, le continent est à la traîne. Plus pour longtemps, prédit un rapport de la GSM Association, le lobby des opérateurs de téléphonie mobile. Certes, l’Afrique n’affiche que 15 % de taux de pénétration, le plus bas au monde en termes d’adoption de téléphones intelligents. Mais la région « devrait connaître la plus forte croissance mondiale du nombre de smartphones dans les six prochaines années », poursuit le rapport.
« Le marché des téléphones intelligents est extrêmement dynamique sur le continent, confirme Sébastien De Rosbo, responsable des opérateurs télécoms pour l’Afrique subsaharienne de l’institut d’études de marché et d’audit GfK. Son explosion y est beaucoup plus rapide que partout ailleurs. » Selon le cabinet, 61 millions de smartphones auront été vendus en Afrique en 2014, et 92 millions le seront en 2015. « Dès l’an prochain, plus d’un mobile sur deux vendus sur le continent sera un téléphone intelligent », résume le responsable.
3G et WI-FI
Quatre facteurs peuvent expliquer ce phénomène. D’abord, « contrairement aux économies plus développées, la grande majorité des pays africains n’estpas encore saturée », remarque Karim Koundi, directeur associé technologies, médias et télécoms chez Deloitte Afrique francophone. Ensuite, la connectivité à haut débit progresse avec le développement de la 3G mené par les opérateurs et grâce à l’installation de bornes wi-fi dans les lieux publics. « Plus de 60 % des connexions mobiles passent par le wi-fi », rappelle le directeur.
Dans le même esprit, l’arrivée de nouveaux câbles sous-marins sur les côtes africaines améliore la qualité de la connexion et, surtout, réduit considérablement le coût d’accès à internet. « L’usage du smartphone devient beaucoup plus accessible », constate Karim Koundi. Enfin, le pouvoir d’achat moyen augmente en Afrique. D’ici à 2020, 100 millions de personnes viendront grossir les rangs de sa classe moyenne.
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Le smartphone n’est plus un produit de luxe. C’est même l’équipement électronique le plus vendu au monde.
Dans les trois prochaines années, « 70 % du marché de l’électronique se concentrera autour des tablettes et des téléphones intelligents », assure Karim Koundi. Notamment grâce aux terminaux low cost. Le chinois Huawei et l’américain Microsoft ont ainsi lancé un appareil à moins de 200 dollars (moins de 160 euros) : Huawei 4Africa.
Certains téléphones proposant l’accès à internet s’échangent même déjà entre 40 et 80 euros (MTN Smart Mini S620, Samsung Galaxy Star S5282, Tecno P5, Xtouch X3 Mini).
En Tunisie, au Congo et en Algérie, des constructeurs locaux ont lancé un smartphone adapté à leur marché. Mais le leader incontesté reste Samsung.
« Le géant sud-coréen détenait 52 % du marché en 2013 sur l’ensemble du continent. Ses produits sont bien adaptés », analyse Karim Koundi. Viennent ensuite BlackBerry, qui possédait plus de 16 % de parts de marché en 2013, puis les autres marques, qui plafonnent autour de 3 % à 4 %.
Marché parallèle
Si les constructeurs entendent profiter de cet eldorado, les opérateurs ne sont pas en reste. « Le développement des smartphones va leur permettre d’augmenter leur trafic de données, et donc leurs revenus », assure Sébastien De Rosbo. Les usages évoluent en parallèle, comme le montre une étude de l’équipementier Ericsson : essor des réseaux sociaux, de la télévision, de la vidéo, des services médias, du porte-monnaie électronique ou même du m-commerce (commerce mobile).
Mais ces opportunités ont leur revers. D’une part, les consommateurs africains ont tendance à acheter leur mobile sur le marché parallèle, et non chez l’opérateur.
D’autre part, l’augmentation de leur nombre oblige les opérateurs à offrir un réseau de qualité, et donc à investir dans les infrastructures 3G et 4G.
« Pour fidéliser leurs clients, les opérateurs proposent massivement des subventions de portables contre des abonnements mensuels », analyse Karim Koundi. En clair, après le smartphone, c’est le modèle européen de l’abonnement annuel qu’ils tentent d’importer.
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