Justice française : un proche de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, en garde à vue

Un membre du premier cercle de l’ex-président français Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, a été placé lundi en garde en vue dans le cadre d’une enquête sur un arbitrage financier controversé en faveur de l’homme d’affaires Bernard Tapie.

Claude Guéant. © AFP

Claude Guéant. © AFP

Publié le 27 mai 2014 Lecture : 2 minutes.

"La garde à vue de Claude Guéant, qui a été entendu lundi toute la journée dans les locaux de la brigade financière à Paris, a été levée lundi soir et reprendra mardi", a indiqué à l’AFP une source policière. Il s’agit de la deuxième garde à vue pour cet ancien grand commis de l’État âgé de 69 ans, après celle subie en décembre dans une enquête sur des primes en liquide qu’il aurait perçues entre 2002 et 2004 lorsqu’il était directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur.

Les enquêteurs s’interrogent cette fois sur le rôle que Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Elysée (2007-2011 – un poste pivot dans la gestion de la présidence), a joué dans la décision à l’automne 2007 de préférer un tribunal privé à la justice ordinaire pour régler un vieux différend entre la banque Crédit Lyonnais et Bernard Tapie sur la revente du groupe Adidas. Les enquêteurs se demandent notamment si M. Guéant a pesé dans la décision de ne pas contester la sentence qui octroyait plus de 400 millions d’euros à l’homme d’affaires et s’il a été sollicité pour que le fruit de l’arbitrage soit soumis à une fiscalité indulgente. Les juges soupçonnent la sentence d’être le fruit d’un simulacre d’arbitrage organisé avec l’aval de la présidence française.

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Dans cette affaire, ont été pour l’heure inculpées pour escroquerie en bande organisée cinq personnes dont Bernard Tapie, son avocat Maurice Lantourne, un des trois juges-arbitres, et l’ancien directeur de cabinet de l’ex-ministre française de l’Economie Christine Lagarde, Stéphane Richard. Christine Lagarde a de son côté été placée sous le statut intermédiaire de témoin assisté (entre celui de témoin et celui d’inculpé), ce qui lui permet de rester à la tête du Fonds monétaire international (FMI).

À l’issue de sa garde à vue, Claude Guéant peut être relâché sans charge ou présenté aux juges pour une éventuelle inculpation. Sollicité par l’AFP quelques jours avant son audition, l’ex-homme fort du clan Sarkozy s’était refusé à tout commentaire.

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Devenu avocat après la défaite de Sarkozy à la présidentielle de 2012, M. Guéant, qui fut ministre de l’Intérieur de 2011 à 2012, devrait devoir détailler ses relations avec Bernard Tapie et expliquer les nombreuses visites de l’homme d’affaires à l’Elysée, en 2007 et 2008, dans une période cruciale pour l’arbitrage. Parmi elles, une réunion clé, qu’il avait convoquée, fin juillet 2007, en présence de Bernard Tapie.

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En mars 2013, les juges relevaient que Claude Guéant avait été destinataire, dès 2005 alors qu’il était directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur, puis ultérieurement en tant que secrétaire général de la présidence, de nombreuses demandes d’intervention de Bernard Tapie et de son avocat, en lien avec ces contentieux et leurs prolongements, notamment sur l’aspect fiscal. Les magistrats évoquaient son implication personnelle dans le processus.

Bernard Tapie, qui estime avoir été escroqué par le Crédit Lyonnais dans la revente d’Adidas, ne conteste pas avoir tenté de sensibiliser des responsables successifs de l’exécutif, de droite comme de gauche, pour obtenir réparation.

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