Start-up de la semaine : Cmontaxi veut une flotte de taximen-propriétaires à Dakar
Dans l’espace Cedeao, plus de 90 % des 130 000 chauffeurs de taxis en activité sont locataires de leur véhicule. La start-up d’Aziz Senni se propose de changer la donne, en commençant par la capitale sénégalaise.
Dix mille francs CFA (15 euros). C’est le montant moyen du loyer quotidien dont doivent s’acquitter les quelque 20 000 chauffeurs de taxi opérant à Dakar. « Avec un salaire moyen de 600 euros par mois, ils ne gagnent pas assez d’argent pour pouvoir accéder aux crédits bancaires classiques ou aux formules de leasing proposés par les constructeurs automobiles », explique Aziz Senni, un quadragénaire franco-marocain qui a créé Cmontaxi en 2015 dans la capitale sénégalaise, où il a élu domicile la même année.
Le concept : développer un système de location-vente des véhicules, associé à un forfait comprenant entretien et assurance, couplé à l’utilisation des taxis comme supports publicitaires mobiles et à une application mobile pour relier chauffeurs et clients.
Étude de marché
Aziz Senni n’en est pas à son coup d’essai : se définissant comme comme un « serial entrepreneur », il a créé sa première start-up à Mantes-la-Jolie, en France, en 2000. Une société de transport à la demande, déjà, qu’il considère comme « l’ancêtre d’Uber ». Depuis, il a poursuivi un parcours d’entrepreneur, créant notamment, toujours en France, un réseau d’agences de location de véhicules de tourisme et d’utilitaires, tout en s’investissant en politique : il l’un des cofondateurs de l’Union des démocrates indépendants (UDI ), aux côtés de Jean-Louis Borloo, Yves Jégo, Hervé Morin et Rama Yade.
Né en 1976 à Khouribga, au Maroc, Aziz Senni a obtenu en 1997 un BTS de transport et de logistique. Désireux depuis des années de travailler à l’international, il se lance en 2015, et pose ses valises dans le quartier de Mermoz, à Dakar, que lui a fait découvrir un ami.
Là, il lance rapidement une étude de marché réalisée auprès de plus de 250 chauffeurs de taxis dakarois et développe son modèle : « J’ai décidé de permettre à ces chauffeurs à devenir propriétaire de leur taxi, sans apport, ni caution, de les former à la gestion de leur micro-entreprise et de les aider à réduire leurs coûts d’assurance et d’entretien de leur véhicule », précise Aziz Senni.
Parcours de location-accession
L’aventure commence en mai 2015, avec une formation de quatre-vingt heures à destination d’une cinquantaine de chauffeurs de taxi, délivrée en partenariat avec une école de commerce française. Ces derniers pouvaient ensuite déposer un dossier pour adhérer à Cmontaxi, et prendre le volant d’un véhicule dont ils deviendront propriétaires en trente-six, quarante-deux ou quarante-huit mois, selon la formule choisie.
Ce parcours de location-accession est actuellement en cours pour six d’entre eux, d’autres ayant encore leur dossier à l’étude, indique Aziz Senni. Ce dernier explique avoir négocié, parallèlement à ces contrats, des partenariats avec les assureurs Axa et Saham, ainsi qu’avec quatre garages mécaniques qui fournissent une commission à l’apporteur d’affaires tout en garantissant un prix compétitif aux chauffeurs financés par « Cmontaxi ».
Résultat, Cmontaxi peut proposer une location des véhicules à 9 000 F CFA par jour, « soit 10 % de moins que la concurrence », relève le fondateur de la plateforme, tout en générant 196 % de marge commerciale. En outre, la location des espaces publicitaires des taxis génère un supplément de revenu à la jeune entreprise. Quant à la communication avec les clients, elle est gérée via une application mobile « gratuite pour les 300 premiers chauffeurs qui l’utiliseront », indique l’entrepreneur.
Des ambitions dans d’autres villes d’Afrique francophone
Si, avec six taxis actuellement et un seul employé, un responsable des opérations basé à Dakar, Cmontaxi commence petit, son fondateur, qui a investi 100 000 euros en fonds personnels dans son entreprise voit grand : il a lancé une levée de fonds de 800 000 euros (sur laquelle il indique avoir déjà obtenu 110 000 euros, de trois business angles français) auprès d’investisseurs internationaux intéressés par le secteur des transports en Afrique, dans le but de dupliquer son modèle dans d’autres métropoles, comme Yaoundé, Libreville ou Abidjan, « où les chauffeurs ont les mêmes problématiques d’accès aux financements », estime Aziz Senni.
Son but : atteindre les 750 véhicules en trois ans, pour un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros sur le seul site pilote de Dakar, et 3 000 taxis en sept ans, sur l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest francophone.
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