Cameroun : Paul Biya nomme les membres du Conseil constitutionnel
Le président camerounais a nommé ce mercredi les onze premiers membres du Conseil constitutionnel, majoritairement issus du parti au pouvoir. L’entrée en application de cette institution, notamment chargée de proclamer les résultats de l’élection présidentielle de cette année, était attendue depuis 1996.
22 ans après sa création, le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, a finalement nommé ce mercredi 7 février les onze premiers membres du Conseil constitutionnel. Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti du président camerounais, y est largement représenté.
Ce Conseil sera chargé de proclamer les résultats d’élections.
Des proches de Biya nommés
D’anciens membres du gouvernement ont notamment été nommés, comme Emmanuel Bonde, ancien ministre de l’Industrie, des Mines et du Développement ou encore Joseph-Marie Bipoun Woum, ex-ministre de la Jeunesse et des Sports. Jean Foumane Akame, conseiller juridique de Paul Biya, figure également dans la liste des premiers membres du Conseil, qui compte cinq membres du comité central du RDPC et sera présidé par Clément Atangana.
Magistrat à la retraite et proche du RDPC, celui-ci a longtemps été le président de la Chambre administrative de la Cour suprême, qui a tranché par le passé des contentieux électoraux, souvent en faveur du parti au pouvoir.
Cette annonce par décret du président Biya est à mettre en perspective avec le contexte politique actuel du Cameroun, qui doit organiser son élection présidentielle. Aucune date précise n’a été communiquée mais le scrutin doit se tenir dans le courant de l’année 2018. À 84 ans, dont 35 années passées au pouvoir, Paul Biya n’a pas encore fait acte de candidature, mais il est présenté comme le candidat « naturel » de son parti, le RDPC.
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Une des missions de ce Conseil constitutionnel sera de proclamer les résultats des élections, dont ceux de la présidentielle.
« C’est un vide qui se comble, tant mieux. Les membres nommés sont des professionnels chevronnés, mais pour ce qui est du parcours politique de ces derniers, il s’inscrit surtout au sein du RDPC », constate Basile Louka, universitaire et ancien secrétaire général de l’Union des populations du Cameroun (UPC).
« On va voir le Conseil à l’oeuvre mais il me semble, en apparence, être une équipe d’accompagnement du pouvoir en place. Quand l’arbitre d’un match porte le maillot d’une des deux équipes, ça trouble toujours le jeu », poursuit-il.
Pour le politologue Mathias Éric Owona Nguini « cette liste n’est pas surprenante, c’est aussi un moyen pour Paul Biya d’éviter toute confusion au sein du Conseil au moment de la proclamation des résultats, de verrouiller en quelque sorte la prochaine élection. »
Élections sénatoriales en mars
Le Conseil sera mis à contribution avant la présidentielle, puisqu’un autre décret du chef d’État stipule que les élections sénatoriales au Cameroun ont été fixées au mercredi 25 mars.
« Les électeurs sénatoriaux sont convoqués au chef-lieu de chaque département le dimanche 25 mars 2018[afin de] procéder à l’élection des sénateurs », a indiqué le président camerounais Paul Biya dans l’un de ses décrets.
Selon le texte, les bureaux de vote ouvriront de 8 heures à 18 heures. Lors de ce scrutin, 70 sénateurs seront élus au cours d’une élection indirecte, dont les électeurs seront constitués de conseillers municipaux. Trente autres sénateurs seront nommés par le président Biya, comme le prévoit la Constitution. Il s’agira de la deuxième élection sénatoriale organisée au Cameroun, la toute première s’étant déroulée en 2013.
Le Cameroun prépare son année électorale dans un contexte tendu, empêtré dans une crise en zone anglophone marquée ces dernières semaines par un regain de tensions.
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