Libye : la situation se dégrade à Benghazi
Des combats ont opposé lundi les forces du général Khalifa Haftar à des groupes islamistes à Benghazi, dans l’est de la Libye, faisant au moins 21 morts, alors que le Premier ministre contesté Ahmed Miitig a pris possession du siège du gouvernement à Tripoli.
Deux semaines après le début de l’opération "anti-terroriste" lancée par le général dissident Khalifa Haftar, le bilan continue de s’alourdir. Les affrontements du lundi 2 juin ont fait au moins 21 morts dont 11 militaires, et 112 blessés. Un ambulancier, un étudiant et une femme figurent parmi les victimes civiles.
Cette journée est la plus meurtrière depuis le 16 mai. Le général dissident Haftar avait lancé l’opération "Dignité", visant à éradiquer les "groupes terroristes" implantés dans l’est du pays. Les combats avaient fait 76 morts.
À Benghazi, les combats ont éclaté après une attaque à l’arme lourde lancée par des groupes islamistes. L’opération, menée par plusieurs groupes, dont Ansar al-Charia, visait un camp militaire de l’armée libyenne, dont les troupes sont loyales à Haftar. Des forces de l’armée de l’air loyales au général dissident sont venues à la rescousse et ont mené des raids aériens contre les assaillants.
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Une ville paralysée
À cause des combats, les examens de fin d’année dans les lycées de Benghazi ont été suspendus. La peur est partout. Les habitants se terrent chez eux et la ville est quasiment paralysée. Des membres du corps médical ont lancé des appels à la télévision afin que soient épargnés les civils. Le ministère tunisien des Affaires étrangères a appelé ses ressortissants à quitter Benghazi, berceau de la révolte de 2011.
L’opération "Dignité" ne fait pas l’unanimité parmi ses alliés du général Haftar. Des doutes subsistent également sur les intentions de ce haut gradé de 71 ans, qui se déclare investit d’un "mandat" populaire afin de légitimer ses objectifs, l’éradication du terrorisme et la création d’une "armée nationale". Il affirme qu’il ne fera pas machine arrière, et se targue d’avoir porté un coup dur aux groupes radicaux. De leur côté, ses détracteurs islamistes minimisent l’impact des opérations : "Haftar a sorti plus de communiqués que de balles", ironisent-ils sur les réseaux sociaux.
Un pays, deux gouvernements
Trois ans après la chute de Mouammar Kadhafi, ce regain de violence souligne l’échec des autorités de transition dans leur tentative pour rétablir l’ordre. Tandis que la situation dégénère à Benghazi, la crise politique fait rage à Tripoli. Deux gouvernements se disputent la légitimité du pouvoir, après l’élection controversée d’Ahmed Miitig par le Parlement le 6 mai 2014. Ahmed Miitig, qui soutient les islamistes, a annoncé avoir pris possession du siège de la primature malgré le refus du cabinet sortant d’Abdallah al-Theni de lui remettre le pouvoir.
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Abdallah al-Theni a affirmé mercredi qu’il s’en remettait à la justice pour déterminer s’il devait céder le pouvoir au nouveau cabinet. Des recours ont été déposés par des députés contre l’élection chaotique de Ahled Miitig au Parlement.
(Avec AFP)
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