RDC : l’Église catholique réclame de « continuer le combat » contre Kabila

L’Église catholique congolaise a réclamé ce vendredi de nouvelles actions de la part de ses fidèles, lors d’une messe en hommage aux victimes de la répression de la marche du 21 janvier. Depuis plus d’un mois, les manifestants pressent le président Kabila à déclarer publiquement qu’il ne briguera pas un troisième mandat.

Manifestation contre le régime de Joseph Kabila, le 31 décembre 2017 à Kinshsasa, en RDC. © John Bompengo/AP/SIPA

Manifestation contre le régime de Joseph Kabila, le 31 décembre 2017 à Kinshsasa, en RDC. © John Bompengo/AP/SIPA

Publié le 9 février 2018 Lecture : 2 minutes.

« Le Comité laïc [de coordination, CLC, ndlr] est à applaudir. […] L’Église attend d’autres initiatives du CLC, la marche des chrétiens ne s’arrêtera pas. Nous devons continuer le combat pour un Congo nouveau », a lancé ce vendredi 9 février l’abbé François Luyeye, lors d’une messe organisée en hommage aux victimes de la répression policière du 21 janvier dernier en RDC, qui a fait sept morts et plus de 49 blessés.

Cette messe s’inscrivait dans le cadre des protestations initiées par le Comité laïc de coordination (CLC), contre le pouvoir du président Joseph Kabila.

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Cette messe a été officiée par l’influent archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo, dans la cathédrale Notre-Dame du Congo. Comme à son habitude le vendredi, celle-ci n’était pas remplie.

Plusieurs figures de l’opposition ont pris part au culte, dont Vital Kamerhe et la députée Ève Bazaiba, aux cotés de plusieurs diplomates occidentaux. Le chef de la principale plateforme de l’opposition, Félix Tshisekedi, n’était pour sa part pas présent.

Ces personnes ont été tuées par des balles de la honte, tirées par ceux qui sont censés nous protéger

À l’intérieur de la paroisse, des photographies de cinq victimes de cette marche, dont la fille d’un officier de police, ont été déposées sur un tréteau.

« Les balles de la honte »

« Ces personnes ont été tuées par des balles de la honte, tirées par ceux qui sont censés nous protéger », a ainsi affirmé l’abbé François Luyeye, applaudi par des centaines de fidèles, opposants et membres de famille des victimes. Celui-ci a également dénoncé « la peur de ceux qui cherchent à faire disparaître les corps de leurs victimes après les avoir assassinés ».

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Pour la deuxième fois depuis la fin du mois de décembre, des fidèles catholiques avaient marché le 21 janvier à l’appel du Comité laïc de coordination, pour arracher une déclaration solennelle de la part du président Kabila, afin qu’il affirme qu’il ne se présenterait pas lors de la prochaine présidentielle programmée le 23 décembre 2018.

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Interdite par les autorités, cette marche, ainsi que celle du 31 décembre, avait été réprimée par les forces de sécurité, tuant « par balles » sept personnes, selon l’épiscopat, qui dénonçait alors une « barbarie ».

>>> A LIRE – RDC : récit de la répression policière du 31 décembre dans l’une des paroisses de Kinshasa

Affirmation du soutien des prêtres « aux actions du Comité laïc »

Durant ces manifestations, des prêtres catholiques ont été « molestés et déshabillés en public », a dénoncé l’abbé Jean-Marie Kande, qui a pris la parole vers la fin de la messe, au nom du clergé de l’archidiocèse.

Après un certain émoi visible sur les visages de l’assistance, l’abbé a solennellement affirmé le soutien des prêtres « aux actions du Comité laïc » pour « un État de droit ».

Plus grande structure sociale dans le plus grand pays francophone au monde, l’Église catholique est à couteaux tirés avec le régime du président Kabila, dont le second mandat a théoriquement pris fin en décembre 2016. Une interprétation controversée de la Constitution lui permet cependant de rester au pouvoir jusqu’à l’investiture de son successeur « élu ».

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