Start-up de la semaine : à Madagascar, Sam’Salama s’apprête à déployer sa micro-assurance
Aina Andremanisa et Fanilo Randrianarizay ont cofondé Sam’Salama, qui proposera à partir de septembre un service de micro-assurance accessible par téléphone à Madagascar.
Le projet de « Sam’Salama » est né en 54 heures durant un week-end de septembre 2017, à l’occasion d’un concours d’innovation organisé à Paris par l’association de promotion de l’entrepreneuriat « Juniors pour Madagascar », avec le soutien de l’accélérateur américain TechStars et de Google for Entrepreneurs.
« L’idée de ce concours destiné aux jeunes créateurs d’entreprise était de monter sa start-up en un week-end. Nous sommes donc arrivées un vendredi soir, sans nous connaître. En une soirée, nous avions décidé de faire équipe et commencé à esquisser notre projet, qui nous a valu, à la fin du week-end, de remporter la deuxième place du concours », raconte Aina Andremanisa, la cofondatrice de Sam’Salama.
La start-up malgache vise à fournir une solution de protection sociale aux travailleurs indépendants et plus largement à toute personne aujourd’hui exclue du système traditionnel de l’assurance. Pour Aina Andremanisa, les maîtres-mots du projet devaient être « la simplicité, l’accessibilité et l’adaptabilité ».
Des formules de 0,40 à 2,50 euros par mois
Plusieurs formules et niveaux de garanties seront proposées, de 0,40 euro à 2,50 euros par personne et par mois, en fonction des besoins et des ressources des utilisateurs, qui pourront régler leurs cotisations via le paiement par téléphone « mobile money ». Grâce à un système de partenariat avec les établissements de santé, les adhérents n’auront pas à avancer leurs frais de santé, réglés par Sam’Salama.
Les deux associées comptent toucher 5 000 bénéficiaires d’ici la fin de l’année
Le lancement du projet pilote est prévu pour septembre 2018. Aina Andremanisa et son associée, Fanilo Randrianarizay, comptent toucher 5 000 bénéficiaires d’ici la fin de l’année.
Âgée de 25 ans, Aina Andremanisa est née à Madagascar. Elle a grandi dans plusieurs pays d’Afrique (Zimbabwe et Burkina Faso), avant d’emménager à Paris dans le cadre de ses études – elle a obtenu une licence en sciences politiques, puis un master en développement international à Sciences Po Paris en 2015, ainsi qu’un master spécialisé en santé publique à l’école Pasteur-CNAM, en 2016.
Autofinancement dès 2019
Consultante dans un cabinet parisien, spécialisé dans les innovations dans le secteur de la santé et de la protection sociale, elle fait aujourd’hui de fréquents allers-retours entre la capitale française et la Grande Île pour le projet, pour lequel elle gère la mise en place des services de santé.
Son associée, Fanilo Randrianarizay, 27 ans, actuaire en assurance, s’occupe notamment de l’analyse des risques. Les deux jeunes femmes, « concernées par la situation de la santé de la population malgache, et plus globalement de la population africaine », souhaitent « apporter leur contribution à la résolution de ces écarts de prise en charge ».
Notre projet mettra en avant la mobilisation communautaire et l’éducation sanitaire de la population
Elles ont évalué à 110 000 euros l’investissement nécessaire à la première année de Sam’Salama, jusqu’à la fin de la phase pilote. Elles estiment que les premières cotisations de l’année 2018 leur rapporteront 80 000 euros. Les deux cofondatrices prennent en charge les dépenses immédiates, pour un montant estimé à 8 000 euros et comptent lever 22 000 euros via différents partenariats et des campagnes de crowdfunding. À partir de 2019, l’entreprise devrait pouvoir s’autofinancer, estiment-elles.
Cible : 60 000 clients en 2025
« Nous comptons progressivement développer nos services dans le pays, en privilégiant la qualité de nos prestations plutôt que la quantité de personnes protégées. Notre projet mettra en avant la mobilisation communautaire et l’éducation sanitaire de la population, d’où notre volonté de nous développer progressivement, sans brûler les étapes », précise Aina Andremanisa.
Elles espèrent avoir touché 20 000 personnes en 2022, et 60 000 en 2025
Les deux jeunes femmes ont embauché deux personnes pour les épauler, tant sur le plan administratif que pour le lancement de la plateforme informatique, et cinq nouveaux salariés devraient les rejoindre au cours du premier semestre 2018. Quant à elles, les deux jeunes femmes mènent pour l’instant de front leur activité professionnelle principale et leur projet de start-up.
Si 5 000 clients devraient permettre à la société d’atteindre la rentabilité, les cofondatrices de Sam’Salama voient plus loin : en 2022, elles espèrent avoir touché 20 000 personnes, et 60 000 en 2025.
Manque de données
Elles projettent aussi d’exporter le modèle de Sam’Salama dans d’autres pays africains, « en partenariat avec des acteurs locaux qui auront la connaissance du contexte du pays ou des initiatives déjà existantes ».
La santé est un sujet qui concerne tout le monde et […] nous essayons de la rendre accessible à tous
Il est aussi question pour elles de diversifier leur offre avec d’autres produits d’assurance hors santé, ainsi que des services de prévention.
« Notre plus grand frein actuellement est le manque de données, qui nous permettraient de proposer des offres cohérentes avec la réalité du terrain », remarquent les deux entrepreneures, qui comptent lancer très prochainement une enquête et chiffrer les opportunités et les risques, l’autre challenge étant de trouver des partenaires, tant au niveau des institutions publiques que du secteur privé.
La micro-assurance est en plein essor en Afrique depuis quelques années, notamment grâce aux organismes de microcrédit, même si les risques couverts ont un taux de sinistralité plus élevé. L’essor des nouvelles technologies donne à ce secteur un nouveau souffle et une opportunité pour développer de nouvelles solutions. « Nous sommes convaincues qu’il ne s’agit pas juste d’une tendance mais d’un changement profond dans les modes de vie et de consommation dans les pays africains. La santé est un sujet qui concerne tout le monde et c’est avant tout un droit et nous essayons dans ce sens, de la rendre accessible à tous », conclut Fanilo Randrianarizay.
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