Guinée-Bissau : la Cedeao sanctionne 19 personnalités accusées d’entraver le processus de sortie de crise

Après l’ultimatum formulé en marge du sommet de l’Union africaine, la Cedeao a choisi de sanctionner mercredi des personnalités politiques et économiques accusées de perturber le processus de sortie de crise politique en Guinée-Bissau.

José Mario Vaz, chef de l’État bissau-guinéen le 3 mars 2014. © Sylvain CHERKAOUI pour Jeune Afrique

José Mario Vaz, chef de l’État bissau-guinéen le 3 mars 2014. © Sylvain CHERKAOUI pour Jeune Afrique

Publié le 9 février 2018 Lecture : 2 minutes.

« Les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest ont mis en œuvre des sanctions individuelles contre les personnes ou organisations qui entravent le processus de sortie de crise en Guinée-Bissau », explique le communiqué de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), publié mercredi 7 février.

Vingt personnalités politiques et du milieu des affaires sont visées. On retrouve notamment le nom d’Emerson Goudiaby Vaz, fils du président José Mario Vaz.

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« Les sanctions qui sont imposées à ces personnes portent sur la suspension de leur participation aux activités de la Communauté, l’interdiction de voyager et la dénégation de visas à leur encontre et [à ceux des] membres de leurs familles, ainsi que le gel de leurs avoirs financiers et de ceux de leurs familles, partout où ils se trouvent », précise le communiqué.

Crise institutionnelle

L’ultimatum était clair. Le 27 janvier, en marge du 30e sommet de l’Union africaine, la Cedeao avait exhorté le chef d’État bissau-guinéen, José Mario Vaz, à nommer un Premier ministre avant le 31 janvier, pour sortir le pays de la crise dans laquelle il est plongé depuis 2015.

Le président Vaz avait finalement nommé, à la date butoir, Augusto Antonio Artur Da Silva, qui a déjà occupé plusieurs postes de ministre, notamment aux Affaires étrangères et à l’Éducation.

Une désignation qui intervenait plus de deux semaines après la démission effective du gouvernement d’Umaro Sissoco Embalo, Premier ministre depuis novembre 2016. Un départ réclamé par le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), la faction politique au pouvoir en conflit ouvert avec le président.

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La Guinée-Bissau est empêtrée dans une crise institutionnelle depuis la destitution en août 2015, de son Premier ministre, Domingos Simões Pereira, chef du PAIGC, décidée par le président Vaz.

>>> A LIRE – Guinée-Bissau : 4 questions pour comprendre la crise politique

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Le président reprochait à son Premier ministre de ne pas le tenir suffisamment informé des affaires en cours et l’accusait également de corruption. Les partisans de Domingos Simões Pereira, nommé en juin 2014, affirmaient de leur côté que la popularité de ce dernier aurait fait de l’ombre au président.

Accord de Conakry

Depuis, Vaz et son ancien Premier ministre s’accusent mutuellement de faire obstacle à l’application de l’accord conclu à Conakry en octobre 2016, sous l’égide du président guinéen Alpha Condé, dans le cadre d’une médiation de la Cedeao. Celui-ci stipule notamment que, pour sortir le pays de l’impasse politico-institutionnelle dans laquelle il se trouve, le Premier ministre doit être nommé de manière consensuelle.

Seulement, le PAIGC de Pereira rejette la nomination d’Augusto Antonio Artur Da Silva à la primature. Le Premier ministre est censé rester en place jusqu’aux élections législatives prévues en mai 2018.

Le Comité de suivi de la mise en œuvre des sanctions, composé du Togo, de la Guinée et de la Commission de la Cedeao, « se réserve le droit de réviser la liste des personnes sanctionnées en fonction de l’évolution de la situation », avertit le communiqué de l’organisation ouest-africaine.

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