RDC : vives inquiétudes autour de l’état de santé du député Gecoco Mulumba
Douleurs à la poitrine, vomissements de sang, problèmes rénaux… L’état de santé du député national Gérard Mulumba « Gecoco » s’est largement dégradé depuis son arrestation le 10 novembre dernier pour « outrage au chef de l’État ». Malgré une décision de la justice congolaise, les autorités refusent toujours de le libérer.
« Gecoco Mulumba est gravement malade, explique Me Léon Ngombwa. Il a besoin d’être évacué d’urgence à l’étranger. » Une détérioration de son état de santé confirmée par la diffusion de photos sur les réseaux sociaux montrant le député en train de vomir d’énormes quantités de sang ou inconscient en salle de réanimation – dont il est ressorti dimanche 11 février.
Membre de l’UDPS, le parti d’opposition de feu d’Étienne Tshisekedi, Gecoco Mulumba a été arrêté le 10 novembre dernier à l’aéroport international de N’Djili, à Kinshasa, par des membres des forces de sécurité. Selon son entourage, il a été interpellé pour « outrage au chef de l’État », bien que les circonstances du délit demeurent floues – on évoque notamment le transfert d’un message WhatsApp à l’un de ses collaborateurs.
« Coups de chicote »
« Mon frère a ensuite été torturé par des membres de la garde présidentielle, explique le député Léon Mulumba, qui a pu s’entretenir récemment avec lui. Ils s’y sont mis à trois pour le frapper à terre à coups de chicote et de coups de pied, afin de lui extorquer les codes PIN de ses trois téléphones portables. » Après deux jours de passage à tabac, Gecoco Mulumba est finalement conduit dans une cellule de la redoutée Agence nationale de renseignements (ANR).
Rapidement, la santé du député se détériore, avec l’apparition de douleurs à la poitrine et de vomissements de sang. « Les agents de l’ANR l’ont emmené dans un centre de santé, où les médecins ont réussi à stopper l’hémorragie », explique Léon Mulumba.
Les agents de l’ANR ont catégoriquement refusé de le libérer
Nouvelle alerte le 18 janvier, lorsque l’infortuné député fait part cette fois de problèmes rénaux. « On l’a maintenu en cellule avec une sonde, poursuit son frère. Mais elle n’a servi à rien. » Ses geôliers n’ont alors d’autre choix que de le conduire le même jour à la clinique de Ngaliema, sur l’avenue Papa Iléo.
Une ordonnance de mise en liberté provisoire
D’après une attestation fournie le 25 janvier dernier par ses médecins, Gecoco Mulumba aurait besoin « dans les meilleurs délais de soins urologiques spécialisés que nous ne pouvons lui offrir au pays, faute de plateau technique approprié ». « Il a subi en 2006 deux opérations aux reins, précise son frère. Mais ses problèmes urologiques n’expliquent pas ses douleurs à la poitrine et les vomissements de sang. Il ne s’en était jamais plaint auparavant. »
Le 3 février, le parquet général de la cour d’appel de Kinshasa rend finalement une ordonnance de mise en liberté provisoire, contre le versement d’une caution de 1 630 000 francs congolais et l’interdiction de quitter la capitale. « Nous sommes allés à la clinique munis du document, rapporte son frère. Mais les agents de l’ANR ont catégoriquement refusé de le libérer. Je peux même affirmer que le refus vient de Kalev Mutond [l’administrateur général de l’ANR, NDLR] en personne. »
Un ancien du PPRD qui a tourné casaque
Une situation qui pourrait s’expliquer par le profil de l’intéressé. Ancien député du PPRD, Gecoco Mulumba a finalement tourné le dos au parti du président Kabila pour se rapprocher progressivement de l’UDPS. Depuis, il se montrait particulièrement critique envers son ancienne formation.
« Cela m’étonnerait beaucoup que l’Agence nationale de renseignements se soit opposée au parquet, indique pour sa part le ministre de la Communication Lambert Mende, qui précise ne pas connaître le motif de l’interpellation de Gecoco Mulumba. Car l’ANR est un organe auxiliaire du Parquet et pas l’inverse. Pour tout vous dire, un tel cas de figure dépasse mon entendement. »
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