Cisjordanie : procès à huis clos pour la jeune Ahed Tamimi

Le procès de l’adolescente, nouvelle icône de la cause palestinienne, s’est ouvert près de Ramallah ce mardi. Malgré les nombreuses mobilisations en sa faveur, elle pourrait écoper d’une lourde peine.

La jeune palestinienne, Ahed Tamimi, à l’ouverture de son procès ce 13 février 2018 en Cisjordanie. © Ariel Schalit/AP/SIPA

La jeune palestinienne, Ahed Tamimi, à l’ouverture de son procès ce 13 février 2018 en Cisjordanie. © Ariel Schalit/AP/SIPA

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Publié le 13 février 2018 Lecture : 2 minutes.

Il est environ dix heures du matin quand Ahed Tamimi franchit la porte du tribunal militaire d’Ofer en Cisjordanie. La salle est étroite et la jeune femme, entourée par trois gardes, est immédiatement mitraillée par une foule de photographes et cameramen venue pour l’événement. À peine a-t-elle le temps de distribuer quelques sourires à ses proches qui l’acclament en retour que le bruyant auditoire est prié de patienter à l’extérieur, au grand dam de l’avocat d’Ahed Tamimi.

« Ils [autorités israéliennes, NDLR] comprennent que les gens en dehors du tribunal militaire d’Ofer sont intéressés par son cas, ils comprennent que ses droits sont bafoués et que son procès ne devrait pas avoir lieu », s’emporte Gaby Lasky, dont l’objection au huis clos décidé par le parquet militaire a été rejetée. « Par conséquent, la façon de garder tout cela à l’écart du monde, c’est de fermer les portes du tribunal et de ne pas permettre aux gens de l’entendre », ajoute-il.

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Si diplomates et journalistes n’ont pas été en mesure d’assister à cette première séance du procès, la famille Tamimi a été autorisée à rester.

La Rosa Parks arabe

Comme lors de ses précédentes apparitions, Ahed est apparue stoïque, ne donnant à aucun moment l’impression d’être submergée par l’émotion. Du haut de ses 17 ans qu’elle vient tout juste de célébrer derrière les barreaux, la jeune Palestinienne sait qu’elle est adulée par tout un peuple qui en a fait sa Rosa Parks. Mais pour s’être élevée tant de fois contre l’occupation israélienne de son village de Nabi Saleh, en Cisjordanie, Ahed Tamimi encourt jusqu’à 7 ans d’emprisonnement.

>>> A LIRE – Ahed Tamimi, Rosa Parks de la cause palestinienne ?

C’est la gifle, infligée en décembre dernier à un officier de Tsahal, qui lui a valu d’être arrêtée quelques jours plus tard, en pleine nuit, et d’être finalement jugée malgré les appels à la clémence de l’Union européenne et, dernièrement, d’Amnesty International.

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« En vertu de la Convention relative aux droits de l’enfant, à laquelle Israël est signataire, l’arrestation, la détention et l’emprisonnement d’un enfant ne doivent être utilisés qu’en dernier recours et pour la durée la plus courte possible », rappelle l’ONG dans un communiqué publié juste avant l’ouverture du procès.

Visite refusée

En coulisse, les soutiens de la jeune activiste palestinienne s’activent mais peinent à obtenir gain de cause. Sans fournir d’explication, le service pénitencier israélien (IPS) vient de refuser à Youssef Jabarin, membre de la Liste arabe unifiée à la Knesset, la demande de visite à la détenue.

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« C’est mon droit, en tant que député du Parlement israélien, de rencontrer Tamimi et d’examiner ses conditions de détention, s’est-il offusqué. La décision des autorités israéliennes est arbitraire et vise à faire pression sur Ahed et ses proches ». Comme elle, près de 300 adolescents palestiniens seraient actuellement détenus en Israël et attendent d’être jugés. Le plus souvent, pour des incidents les ayant opposés à des soldats.

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