Référendum au Burundi : la police met en garde ceux qui militent pour le « non »

La police burundaise a implicitement menacé d’arrestation ceux qui font campagne pour le « non » au référendum constitutionnel prévu en mai. La réforme permettrait au président Pierre Nkurunziza de briguer un nouveau mandat et, potentiellement, de rester au pouvoir jusqu’en 2034.

Des membres de la police burundaise à Bujumbura, le 20 juillet 2015. © Jerome Delay/AP/SIPA

Des membres de la police burundaise à Bujumbura, le 20 juillet 2015. © Jerome Delay/AP/SIPA

Publié le 14 février 2018 Lecture : 2 minutes.

Je lance « un avertissement et une mise en garde à toute personne qui par son action ou son verbe, tentera d’entraver ce processus (…), particulièrement à la jeunesse qui est trompée par certains politiciens », a lancé sur un ton solennel Pierre Nkurikiye, le porte-parole de la police, dans une vidéo postée mardi sur le site de la radio-télévision nationale.

« L’exemple le plus récent ce sont les élèves et un instituteur qui ont été arrêtés lundi et aujourd’hui mardi à Ngozi (province du Nord), dans la commune Nyamurenza. (Ils) passaient d’une maison à une autre vers 18h00 pour enseigner aux gens à voter « non » », a-t-il ajouté.

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Un professeur de collège et quatre lycéens et collégiens ont été arrêtés pour ce motif depuis trois jours, un des collégiens ayant été appréhendé et menotté alors qu’il se trouvait en classe, selon une source administrative et des témoins.

Le gouvernement a adopté fin octobre un projet de révision de la Constitution, soumis à référendum, qui permettrait au président Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, de briguer à partir de 2020 deux mandats de sept ans.

Depuis le 12 décembre, une « campagne d’explication » autour de la réforme constitutionnelle a été lancée. Mais la campagne officielle ne commencera que deux semaines avant le référendum, et personne n’est encore autorisé – officiellement – à défendre ouvertement le oui ou le non.

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« Deux poids-deux mesures flagrant »

L’opposition dénonce un « deux poids-deux mesures flagrant », estimant que les ministres et responsables du parti au pouvoir (CNDD-FDD) n’hésitent pas à faire campagne pour le oui.

Au moins 50 militants d’opposition, issus essentiellement des ex-rebelles des Forces nationales de libération (FNL) d’Agathon Rwasa, selon ce mouvement et la presse locale, ont été arrêtés sous l’accusation de promouvoir le « non », depuis le début de la campagne d’explication pour ce référendum.

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La plupart de ces arrestations ont été le fait des Imbonerakure, les membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD, qualifiés de milice par l’ONU.

Toute l’opposition burundaise est vent debout contre une révision constitutionnelle qui « va signer la mort » de l’Accord de paix signé en 2000 à Arusha, lequel avait ouvert la voie à la fin de la guerre civile (1993-2006) ayant fait plus de 300 000 morts.

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