L’œil de Glez : « Black Panther » contre les hackers racistes et les bugs de Google

Sur le net, les racistes font feu de tout bois, en particulier des œuvres qui mettent en scène des personnages noirs. Cette fois, c’est un simple bug technique qui aurait généré l’amalgame entre un super-héros de couleurs et un singe…

L’œil de Glez. © Glez / J.A.

L’œil de Glez. © Glez / J.A.

 © GLEZ

Publié le 14 février 2018 Lecture : 2 minutes.

Depuis quelques semaines, les plus fervents militants de l’antiracisme finissent par douter d’eux-mêmes. Peut-on imaginer qu’une marque aussi idéologiquement inodore que H&M distille un message raciste flagrant sur un sweat-shirt porté par un enfant de couleurs ? Peut-on concevoir que la marque Nivea emprunte naïvement des codes publicitaires qui insultaient la peau noire sous la période coloniale ?

Palpant notre bulbe détecteur de second degré, on finit par s’auto-diagnostiquer paranoïaque, se persuadant que l’usage de tels clichés n’est que le signe bienvenu du dépassement absolu desdits clichés. On tente de se rassurer, jusqu’à ce que l’on surfe sur Google, pressé que l’on est d’identifier les salles de cinéma qui projettent le premier blockbuster entièrement consacré à un super-héros noir de Marvel…

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Le week-end dernier, lors de requêtes sur le plus célèbre des moteurs de recherche, des internautes français constatent, dans les suggestions qui concernent le site Allocine.fr, que l’affiche du film Black Panther – long-métrage au casting majoritairement africain et africain-américain – est associé au titre « La planète des singes : suprématie ».

Des stades de football aux arènes politiques

La comparaison de l’homme noir et du singe étant toujours, au XXIe siècle, le procédé favori de bien des messages racistes – des stades de football aux arènes politiques –, les cinéphiles agacés diffusent cette information pour le moins incongrue. La journaliste et militante associative antiraciste Rokhaya Diallo poste un tweet à Allocine.fr qui renvoie la patate chaude à Google et à l’algorithme qui fournit les réponses aux requêtes des internautes.

La société qui gère le moteur de recherche ne reconnaît que des anomalies anodines dans la gestion d’une base de données, anomalies qui, d’ailleurs, seraient déjà apparues dans des situations sans soupçon raciste. Des films aux distributions blanches se seraient également vu associer le titre « Planète des singes »…

Google bombing ?

L’erreur de Google est donc rapidement corrigée et l’honneur sauf. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes multiculturels. Les mauvaises intentions de hackers suprémacistes auraient-elles été éradiquées sur le web ? Pas sûr. Si le bug de la recherche sur Black Panther semble le fruit d’une faille technologique, des internautes tentent régulièrement de biaiser les référencements du moteur de recherche en pratiquant le Google bombing, une publication massive de requêtes déplacées et de commentaires tendancieux sur les réseaux sociaux et autres forums, opération qui conduit mécaniquement Google à considérer et donc diffuser cette tendance dont elle n’étudie pas, a priori, la portée éditoriale.

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Aux Etats-Unis, le film Black Panther a effectivement été la cible d’une opération destinée à infléchir la note attribuée à l’œuvre par les agrégateurs de critiques, notamment le site très prescripteur Rotten Tomatoes. Et pour les racistes encore peu au fait des méthodes de manipulation du réseau des réseaux, il reste le simplissime amendement de l’encyclopédie Wikipedia. Le week-end passé, la fiche du blockbuster américain a ainsi été vandalisée. Une aventure de super héros sans méchant, c’est toujours moins palpitant…

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