A Lomé, « Togo Debout » veut prendre sa part dans le dialogue politique

C’est un mouvement qui s’inspire clairement du Balai citoyen burkinabè ou du Y’en a marre sénégalais. Comme ces collectifs, Togo Debout veut ratisser large et entend mobiliser notamment les déçus de la classe politique. L’objectif déclaré : l’avènement d’une « véritable démocratie » au Togo et une « transition démocratique ».

Lors d’une manifestation à Lomé, en 2017. © DR / Togo debout

Lors d’une manifestation à Lomé, en 2017. © DR / Togo debout

Publié le 14 février 2018 Lecture : 3 minutes.

Mardi 13 février, à deux jours de l’ouverture du dialogue tant attendu entre la classe politique togolaise, des centaines de personnes assistent à un meeting organisé par un mouvement se réclamant de la société civile. Malgré la demande formulée par les médiateurs ghanéen et guinéen aux acteurs politiques de surseoir aux manifestations publiques, les responsables de Togo Debout tiennent un meeting « d’information et de sensibilisation ».

« Nous n’avons jamais été associés à ces discussions avec les médiateurs et je rappelle que le droit de manifester est un droit constitutionnel et nous estimons qu’un accord politique ne peut nous priver de ce droit », explique le professeur David Dosseh, premier porte-parole du mouvement.

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Mouvement international

Togo Debout est une coalition d’organisations se réclamant de la société civile et de citoyens engagés. Officiellement lancé le 22 septembre 2017, au plus fort de la crise politique, le mouvement est dirigé par une coordination à la tête de laquelle se trouve un Professeur des Universités. David Dosseh, ancien syndicaliste, secondé par un avocat, Raphaël Kpandé-Adzaré, président de la Ligue togolaise des droits de l’Homme.

Nous avons senti la nécessité de porter la voix du peuple togolais aspirant à plus de liberté, à plus de démocratie

Ces deux personnes ne sont pas inconnues des Togolais, chacun d’eux ayant évolué sur différents fronts de défense des droits des travailleurs ou des droits humains.

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« En tant qu’acteur de la société civile, nous avons senti la nécessité de mettre sur pied ce mouvement citoyen afin de pouvoir aussi porter la voix du peuple togolais aspirant à plus de liberté, à plus de démocratie, et nous voulions donc nous mettre au côté de la coalition des 14 partis politiques pour, également, porter cette voix populaire », explique à Jeune Afrique le Professeur Dosseh.

Le mouvement dispose d’antennes dans plusieurs pays notamment aux Etats-Unis et en Europe. Le 17 février prochain, Togo Debout organise d’ailleurs un sit-in à Paris à la place Trocadero « pour exiger la libération immédiate et sans conditions de tous les prisonniers politiques ».

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Togo Debout plaide pour un gouvernement de transition

Sur leur participation au dialogue politique qui s’ouvre le 15 février, les responsables de Togo Debout estiment qu’il ne s’agit pas d’une priorité. « Ce qu’il faut, par contre, c’est éviter de polluer le dialogue avec des gens qui n’ont jamais manifesté, des gens qui n’ont jamais revendiqué, parce que nous estimons que ces personnes n’ont pas leur place au dialogue », relève cependant le Professeur Dosseh.

Le mouvement exige la retransmission en direct du dialogue ou la diffusion des décisions  prises par les participants à la fin de chaque journée. Le dialogue doit déboucher, selon Togo Debout, sur une « transition politique pacifique » – et donc le départ de Faure Gnassingbé – avec un gouvernement de transition qui serait chargé d’appliquer les décisions prises à l’issue des discussions.

Togo Debout affirme que les associations membres du front cotisent pour financer les différentes activités

Le mouvement Togo Debout ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique. Au sein de l’opposition, on garde à l’esprit que certains leaders de l’organisation appellent régulièrement à « mettre de côté les partis politiques traditionnels qui ne font pas avancer la lutte ».

Naturellement, du côté du pouvoir, on estime qu’il ne s’agit pas « d’interlocuteurs  sérieux ». Pour un député de la majorité, « le flou qui entoure le financement de cette organisation est de nature à semer le trouble dans les esprits quant à ses réelles aspirations ».

Des accusations balayées par le premier porte-parole de Togo Debout qui affirme que les associations membres du front cotisent pour financer les différentes activités.

Accointances internationales « dangereuses » ?

Durant les premiers mois de la crise politique, des messages relayés sur les réseaux sociaux pointaient l’existence de réseaux internationaux visant à déstabiliser le régime togolais par les mouvements dits citoyens. Ces messages anonymes révélaient des accointances qualifiées de « dangereuses » de Togo Debout avec les collectifs Y en a marre au Sénégal et le Balai citoyen au Burkina Faso avec le financement d’obscurs mécènes dont certains seraient aux prises avec la justice togolaise.

« C’est vrai, on a peut-être eu à discuter une fois en passant avec certains mouvements citoyens », reconnaît le professeur Dosseh. Il estime néanmoins qu’il n’existe pas de passerelles formelles entre eux, ni de mouvements de fonds… Pour lui, les griefs portés contre Togo Debout ne sont que « l’expression de la peur que le mouvement engendre ».

« Notre but ultime, c’est d’obtenir ce que le peuple réclame : le retour de la constitution de 1992 dans sa version d’origine, la mise en place d’un gouvernement de transition, un schéma pour une alternance », conclut le Professeur Dosseh.

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