Afrique du Sud : Cyril Ramaphosa élu président
Le Parlement sud-africain a élu ce jeudi Cyril Ramaphosa président de la République, après la démission du très controversé Jacob Zuma, poussé vers la sortie la veille par son propre parti.
L’ancien syndicaliste et homme d’affaires Cyril Ramaphosa a officiellement pris ce jeudi 15 février les rênes de l’Afrique du Sud, au lendemain de la démission de Jacob Zuma, éclaboussé par des scandales de corruption et rejeté par son propre parti.
Seul candidat en lice, le patron du Congrès national africain (ANC), au pouvoir, a été élu chef de l’État par le Parlement, sans surprise et sans même avoir besoin d’un vote formel.
J’ai reçu cet immense privilège de servir notre peuple, je me sens très humble d’avoir reçu ce privilège
« Je déclare l’honorable Cyril Ramaphosa officiellement élu président de la République d’Afrique du Sud », a proclamé Mogoeng Mogoeng, le président de la Cour constitutionnelle, sous un tonnerre d’applaudissements et de chants.
« J’ai reçu cet immense privilège de servir notre peuple, je me sens très humble d’avoir reçu ce privilège », a-t-il ajouté quelques minutes après avoir été élu.
Objectif 2019
Sitôt investi, le nouveau chef de l’État doit prononcer dès vendredi soir (17 h 00 GMT) son premier et très attendu discours sur l’état de la nation, devant les députés. C’est l’épilogue d’une longue bataille entre Cyril Ramaphosa et Jacob Zuma qui a finalement rendu les armes mercredi soir, sous la menace imminente d’une motion de défiance déposée par son parti.
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« J’ai décidé de démissionner du poste de président de la République avec effet immédiat, même si je suis en désaccord avec la décision de la direction de mon organisation », a-t-il déclaré lors d’une allocution télévisée. « Je ne suis pas d’accord car il n’y a aucune preuve que j’aie fait quoi que ce soit de mal », s’est défendu, amer, Jacob Zuma.
Une victoire pour Ramaphosa, qui a pris les rênes de l’ANC en décembre, après une campagne sur le thème de la lutte anti-corruption, et qui tentait depuis d’obtenir un départ en douceur du président Zuma, convaincu que son maintien au pouvoir conduirait l’ANC à une cuisante défaite aux élections générales de 2019.
Mais il s’est heurté de front au refus du chef de l’État, dont le mandat n’expirait qu’à la fin de 2019. Jusqu’à ce que l’ANC décide finalement mardi de lui donner l’ordre de quitter ses fonctions.
Sa capitulation a été accueillie par un sentiment de soulagement quasi-unanime dans une Afrique du Sud épuisée par un règne marqué par l’instabilité politique, la corruption généralisée et des difficultés économiques persistantes.
« C’est la fin d’une période où la plus haute fonction du pays a été détournée en vue d’un pillage généralisé des coffres du pays », s’est réjouie la fondation Nelson Mandela.
His departure marks the end of our county’s highest office being used to systematically loot state coffers. We trust that it will also mark the beginning of a politics which places the most vulnerable at the centre. #NMFonZuma https://t.co/pqU9WhUsk1 pic.twitter.com/AY52Bq0AtY
— NelsonMandela (@NelsonMandela) February 15, 2018
La bourse en hausse
Dès jeudi matin, les marchés ont salué le départ de Jacob Zuma par une hausse de l’indice de la bourse de Johannesburg (jusqu’à +2,7 %) et de la devise nationale, le rand, à son plus haut niveau face au dollar depuis trois ans (11,65 R pour 1 USD).
L’élection de Cyril Ramaphosa « marque la fin d’une période d’incertitudes politiques et économiques, qui a considérablement pesé sur la croissance de l’Afrique du Sud », a résumé l’économiste Raymond Parsons, de la Northwest University.
Nous n’avons pas un problème avec Jacob Zuma, nous un problème avec l’ANC
L’opposition, qui tentait depuis des années de pousser le chef d’État vers la sortie, a elle aussi applaudi l’annonce du départ de Jacob Zuma.
« Toute la nation a été victime depuis plus de dix ans d’un délinquant et d’un imposteur […], il va rejoindre les poubelles de l’histoire », a raillé Julius Malema, le chef des Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale). L’opposant a aussitôt averti qu’il surveillerait de « très près » les nouveaux maîtres du pays. « Zuma est parti, maintenant je vais m’occuper d’eux », a-t-il lancé.
« Nous n’avons pas un problème avec Jacob Zuma, nous un problème avec l’ANC », a renchéri devant les députés Mmusi Maimane, le chef de l’Alliance démocratique (DA), appelant une nouvelle fois à la dissolution du Parlement et à des élections anticipées « pour un vrai renouveau » du pays.
La DA et les EFF ont infligé un sérieux revers à l’ANC aux élections locales de 2016 et espèrent le priver l’an prochain de la majorité absolue qu’il détient depuis 1994.
Lutte contre la corruption
Ces dernières semaines, Cyril Ramaphosa a promis de tourner rapidement la page Zuma, assurant à qui voulait l’entendre que l’Afrique du Sud était entrée dans « une nouvelle ère ». Sa route s’annonce longue et difficile.
Comme un symbole du changement promis, la police a perquisitionné mercredi le luxueux domicile de la sulfureuse et jusque-là intouchable famille Gupta, au coeur de la plupart des scandales qui impliquent l’ex-président Zuma. Les huit personnes arrêtées lors de l’opération comparaissaient ce jeudi devant un tribunal de Bloemfontein (centre).
Je travaillerai très dur pour essayer de ne pas décevoir le peuple sud-africain
« Les problèmes de corruption, les problèmes liés à la nécessité de redresser les entreprises publiques […] font partie de nos priorités, ce sont des problèmes auxquels nous allons nous atteler », a déclaré Cyril Ramaphosa devant les députés, « je travaillerai très dur pour essayer de ne pas décevoir le peuple sud-africain ».
Le nouveau président sud-africain Ramaphosa a promis de « travailler pour améliorer la vie des Sud-Africains », alors que le pays, première puissance économique du continent, enregistre un taux de chômage record à 27,7 %. Il présentera vendredi soir les grandes lignes de son programme pour l’année à venir, dans son discours sur l’état de la nation.
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