Maroc : une nouvelle charte pour éviter les bisbilles au sein du gouvernement

Tiraillé par des divergences idéologiques, le gouvernement marocain est régulièrement fragilisé par la bataille que se mènent les partis dont les ministres sont issus. Pour tenter de remédier à ces épisodes récurrents, une nouvelle charte des bonnes conduites gouvernementales sera signée lundi.

Le chef du gouvernement marocain Saadeddine El Othmani (g.) et son prédécesseur Abdelilah Benkirane lors d’un meeting pour les législatives en septembre 2016. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

Le chef du gouvernement marocain Saadeddine El Othmani (g.) et son prédécesseur Abdelilah Benkirane lors d’un meeting pour les législatives en septembre 2016. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 16 février 2018 Lecture : 2 minutes.

Les cinq partis de la majorité signeront une nouvelle charte pour coordonner leur travail lundi 26 février, selon une source gouvernementale. L’événement, qui se déroulera au Centre d’accueil et de conférences à Rabat et auquel la presse sera conviée, réunira les secrétaires généraux du Rassemblement national des indépendants (RNI), du Mouvement populaire (MP), du Parti du progrès et du socialisme (PPS), de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) sans oublier leur chef de file, le Parti justice et développement (PJD).

Dépasser les crispations

Il devra donner un nouvel élan aux relations gouvernementales après la récente crispation suscitée par les propos virulents de Abdelilah Benkirane à l’encontre de Aziz Akhannouch. Jeudi 8 février, les ministres du RNI ont boudé le Conseil de gouvernement présidé par Saadeddine El Othmani, en réaction à cette attaque contre leur chef. Il a fallu qu’El Othmani les convoque chez lui le soir même pour aplanir les divergences.

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« Mais cette nouvelle charte de la majorité était en préparation avant le déclenchement de cette crise », affirme à Jeune Afrique le secrétaire général de l’un des partis de la majorité. La charte avait été rédigée sous le gouvernement de Benkirane.

A l’origine, elle devait même être signé au moment de la nomination d’El Othamani à la tête du gouvernement, en mars dernier. Mais la bataille qui opposait à l’époque l’ancien secrétaire général du PJD,  Abdelilah Benkirane, à ses adversaires Aziz Akhannouch et Driss Lachgar n’a pas permis la tenue d’une réunion des chefs de la majorité.

Lisser les divergences idéologiques

Le texte trace les grands principes de collaboration entre les différentes sensibilités politiques composant la majorité. Un outil qui paraît d’autant plus utile, au Maroc, que les majorités gouvernementales ont la particularité d’être particulièrement hétérogènes. Elles réunissent des partis politiques de différents horizons, parfois aux idéologies très contradictoires, comme c’est le cas du Parti du progrès et du socialisme (PPS, ancien parti communiste) et celui du Parti justice et développement (islamiste).

Résultat : la collaboration n’est souvent pas évidente et les divergences internes sont légion, essentiellement sur le sujet des libertés individuelles. « En cas de différend, la charte agit comme une sorte de compromis, un modus vivendi« , témoigne un ancien ministre.

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Nouvelle méthode de travail

Avec cette nouvelle mouture, tous les ministres s’engagent à respecter un socle commun dans l’élaboration de leurs politiques, à savoir le préambule de la Constitution, dont l’égalité des chances, l’égalité homme-femme, le pluralisme linguistique et culturel ou encore le respect de la vie privée.

La charte que devront signer les chefs de la majorité comprend, outre le respect des principes constitutionnels, une nouvelle organisation de travail. La nouvelle organisation confère aux réunions des chefs de la majorité un caractère officiel. Dorénavant, les chefs des partis politiques composant la coalition se réuniront d’une façon régulière pour discuter des politiques conçues par leurs ministres et se mettre d’accord sur une seule ligne de conduite. De même, un comité de coordination sera mis en place au niveau parlementaire. Objectif : renforcer la concertation entre les ministres et éviter tout incident de parcours qui pourrait créer une mésentente.

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