Lycéennes nigérianes : négociations entre l’ex-président Obasanjo et Boko Haram

L’ex-président nigérian Olusegun Obasanjo a rencontré des intermédiaires de Boko Haram pour tenter de négocier la libération des lycéennes kidnappées mi-avril.

Certaines lycéennes enlevées par Boko Haram, dans une vidéo diffusée le 12 mai 2014. © AFP

Certaines lycéennes enlevées par Boko Haram, dans une vidéo diffusée le 12 mai 2014. © AFP

Publié le 27 mai 2014 Lecture : 2 minutes.

La rencontre s’est déroulée ce week-end dans la ferme d’Olusegun Obasanjo située dans l’État d’Ogun, dans le sud du Nigeria. Selon une source proche des pourparlers interrogée par l’AFP, l’ex-président nigérian y a rencontré des compagnons de responsables de Boko Haram ainsi que des intermédiaires. Le but de la rencontre était de négocier la libération des plus de 200 lycéennes enlevées mi-avril à Chibok (nord-est) par le groupe terroriste.

Un avocat, Mustapha Zanna, proche de la famille de l’ancien chef de Boko Haram, Mohammed Yusuf, a confirmé la tenue de ces négociations. Il n’a toutefois pas voulu préciser le contenu des discussions. Le gouvernement, dont on ignore s’il est au courant de cette rencontre, n’avait fait mardi après-midi aucun commentaire.

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Olusegun Obasanjo, chef de l’État de 1999 à 2007 et figure politique nigériane influente, était proche de son successeur Goodluck Jonathan. Il a toutefois pris ses distances avec l’actuel président, critiquant durement sa gestion du pays et son échec à contenir l’insurrection islamiste de Boko Haram dans le Nord-Est.

Obasanjo déjà aux manettes en 2011

Goodluck Jonathan a récemment exclu tout échange de prisonniers – lycéennes contre détenus islamistes – avec Boko Haram, une exigence de l’actuel chef du groupe terroriste, Abubakar Shekau.

De son côté, le chef de l’état-major des forces armées nigérianes, le maréchal Alex Badeh, a affirmé lundi savoir où se trouvaient les 223 adolescentes. Il n’a donné aucune autre précision. Sans l’exclure, il avait estimé qu’une opération militaire pour libérer les jeunes filles était risquée pour la vie des prisonnières.

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Olusegun Obasanjo avait déjà tenté de mener des négociations avec Boko Haram, après l’attentat meurtrier contre le siège des Nations unies à Abuja en 2011. Il s’était alors rendu à Maiduguri (nord-est) pour rencontrer des parents de Mohammed Yusuf, tué par la police en 2009. Ces discussions avaient échoué à faire baisser les violences. L’avocat Mustapha Zanna, qui avait défendu la famille de Mohammed Yusuf dans son procès contre l’État nigérian après sa mort, avait déjà aidé à organiser cette rencontre de 2011.

Le gouvernement aurait "bousillé" le contact

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Selon la source proche des pourparlers sollicitée par l’AFP, le gouvernement aurait de son côté tenté de négocier la libération des jeunes filles en échange d’islamistes prisonniers en envoyant Ahmad Salkida, journaliste anciennement proche de Mohammed Yusuf, pour négocier avec Boko Haram. D’après elle, "il y avait un contact mais le gouvernement l’a bousillé après le retour de Goodluck Jonathan du sommet de Paris", où un plan de lutte international contre Boko Haram a été décidé par le Nigeria et les pays voisins, appuyé par les Occidentaux.

>> Lire aussi Cameroun, Tchad, Niger, Bénin : ces pays sous la menace de Boko Haram

Toujours selon cette source, Olusegun Obasanjo supporterait mal cette ingérence étrangère dans les affaires de la première puissance économique et démographique d’Afrique, jugeant son prestige écorné. L’ex-président défendrait l’option d’un échange de prisonniers.

(Avec AFP)

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