Embargo sur les fripes : Washington fait pression sur Kigali, Dodoma et Kampala
Le Rwanda, l’Ouganda et la Tanzanie ont décidé en 2016 d’augmenter les barrières douanières sur les importations de vêtements d’occasion. Sous la pression des industriels américains du secteur, les États-Unis réclament une levée de ces restrictions.
Harry Sullivan, directeur par intérim pour les affaires économiques et régionales du Bureau des affaires africaines de l’administration américaine, a exprimé le souhait que les pays de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), notamment le Rwanda, la Tanzanie et l’Ouganda, annulent les restrictions instaurées depuis 2016 sur les importations de vêtements d’occasion. Une annonce qu’il a livré le 13 février, lors d’une téléconférence de presse portant sur le bilan 2017 du Pacte Africain pour la Croissance et les Opportunités (Africa Growth Opportunity Act, Agoa).
Pression du Smart américain
L’administration de Donald Trump veut également que ces États s’engagent résolument à éliminer progressivement les barrières autres que sanitaires imposées à ces importations. Kigali, Dodoma et Kampala, en particulier, ont justifié ces mesures par le besoin de protéger l’industrie textile locale. Une défense qui passe mal à Washington.
En effet, l’association professionnelle Secondary Materials and Recycled Textiles Association (Smart), qui regroupe une centaine d’entreprises du secteur des vêtements d’occasion, a demandé une revue des avantages dont bénéficient ces pays du fait de l’Agoa (qui permet à près de 6 000 lignes de produits africains d’entrer aux États-Unis sans droits de douane).
Cette analyse, diligentée depuis juin 2017 par le Bureau du représentant américain au Commerce, pourrait se conclure par une suspension des exemptions accordées aux exportations vers les États-Unis des trois pays concernés.
Chute des importations américaines
Suite aux restrictions imposées par l’EAC, les exportations américaines de produits textiles vers le Rwanda, de 420 000 dollars (342 000 euros) en 2015, ont chuté à 130 000 dollars en 2017, tandis que les exportations rwandaises vers les États-Unis dans le cadre de l’Agoa sont passées dans le même temps 435 000 à 2,16 millions de dollars.
Selon Harry Sullivan, le ministre rwandais du Commerce, comme ses homologues ougandais et tanzanien, ont été « très efficacement » été informés des risques encourus. Une première réunion a déjà été organisée, début février, pour trouver une solution à ce litige. Une deuxième rencontre est prévue avant la fin février. « Le résultat de cette réunion déterminera comment nous procédons », a assuré le diplomate américain.
En 2017, les exportations des pays éligibles à l’Agoa vers les USA ont atteint 13,8 milliards dollars, dont 90 % réalisées à travers le régime préférentiel américain et 10 % à travers le système généralisé de préférences (ouvert à tous les pays en développement). Le Nigeria (6 milliards de dollars), l’Afrique du Sud (2,9 milliards de dollars) et l’Angola (2,27 milliards de dollars) en sont les principaux bénéficiaires.
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