Emmanuel Golou : « Entre les Béninois et la classe politique, la rupture est totale »
Entretien avec Emmanuel Golou, député béninois et président du Parti social-démocrate (PSD).
Élu début 2012 à la présidence du Parti social-démocrate (PSD, opposition) et, en mars 2013, à celle du comité Afrique de l’Internationale socialiste (IS), Emmanuel Golou, 59 ans, siège depuis 1991 à l’Assemblée nationale, qu’il n’a quittée que de 1996 à 1998, pour prendre la tête du portefeuille de l’Énergie, des Mines et de l’Hydraulique dans le gouvernement d’Adrien Houngbédji, sous la présidence de Mathieu Kérékou. économiste de formation, le député revient, pour Jeune Afrique, sur l’origine de la fronde sociale et des grèves perlées de la fonction publique qui ont paralysé le pays au début de l’année.
Jeune Afrique : Le bras de fer entre le gouvernement et les partenaires sociaux n’est-il pas un épiphénomène, comparé à la crise de confiance qui semble s’être installée entre les Béninois et la classe politique ?
Emmanuel Golou : Je dirais même qu’il y a une rupture totale. Celle-ci est apparue un peu avant l’élection présidentielle de 2006. Le peuple ne supportait plus des politiciens traditionnels et a choisi une personnalité, sans étiquette, Thomas Boni Yayi. Aujourd’hui, cette rupture semble encore plus profonde… Il est vrai que, depuis huit ans, le pays n’a pas connu de véritable paix sociale, il y a toujours une crise sur une nouvelle thématique : le coton, le port, etc. Un autre type de gouvernance aurait pu éviter cela.
Y compris les grèves de début 2014 ?
Là encore, tout vient de la défiance des syndicats envers le gouvernement et les différents acteurs de la vie politique. Car ce mouvement de contestation portait, dès le départ, sur des revendications qui ne sont pas nouvelles, comme celle de la revalorisation du salaire des enseignants. Pendant des années, nous avons repoussé ces discussions alors qu’il aurait fallu les mener pour résoudre ces questions et passer à autre chose. Le problème réside bien là. Par ailleurs, si le gouvernement veut parvenir à une bonne entente avec les travailleurs, il doit discuter et instaurer un vrai dialogue… Cette crise, elle aussi, aurait pu être évitée. Il s’agissait simplement d’une question de négociations.
Entendez-vous par là que le gouvernement ne les a pas bien conduites ?
Non, pas du tout. Je dis qu’il aurait fallu engager des négociations bien avant que la grogne n’éclate. Lorsque les syndicats ont des revendications, il faut parler avec eux et leur dire clairement ce qui est réalisable et ce qui ne l’est pas. À force de faire des promesses que l’on ne peut tenir, les partenaires sociaux n’ont plus confiance et adoptent des positions jusqu’au-boutistes.
>> Lire aussi : entre Boni Yayi et ses opposants, le dialogue est rompu
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Propos recueillis à Cotonou par Haby Niakate
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