Bénin : retour en force

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Publié le 5 juin 2014 Lecture : 2 minutes.

La médiation menée sous la houlette d’Abdou Diouf, le secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), l’avait laissé entendre, avant que des proches des deux hommes ne le confirment : il y aura bien une chaleureuse poignée de main entre Thomas Boni Yayi et l’ex-magnat du coton Patrice Talon. Le dernier obstacle au parachèvement de cette réconciliation a été levé le 20 mai avec la libération des six personnes encore détenues à Cotonou dans le cadre de l’affaire de la tentative présumée d’empoisonnement du chef de l’État.

Le président-pasteur – que l’on a souvent sous-estimé en le considérant comme une sorte d’ovni – a réalisé un coup de génie politique en donnant à l’affaire Talon cet épilogue inattendu. Et les dividendes vont d’abord lui profiter, lui dont l’image a été sérieusement écornée par cette saga judiciaire. La fin de celle-ci et, surtout, la perspective de voir renaître le tandem Yayi-Talon alimentent déjà les conjectures sur la présidentielle de 2016. L’homme d’affaires a été le principal bailleur de fonds du candidat Thomas Boni Yayi lors des campagnes électorales de 2006 et 2011. Va-t-il en faire autant en 2016 ?

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À Cotonou, l’hypothèse est sérieusement envisagée dans certains milieux d’opposition et par de nombreux acteurs de la société civile, bien que le président ait juré la main sur le coeur qu’il ne se représentera pas. Rien ne permet à ce jour de prouver qu’il a changé d’avis. En tout cas, le chef de l’État s’est ôté une épine du pied en tournant définitivement la page de ce feuilleton politico-judiciaire. Il pourra désormais mieux se concentrer sur le front social, marqué ces derniers mois par des grèves générales à répétition dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de la justice et des régies financières. On assiste certes à une accalmie dans le bras de fer entre le pouvoir et les centrales syndicales, mais la grogne pourrait repartir à tout moment, de nombreux problèmes de fond n’ayant toujours pas été réglés.

Conclusion de l’affaire Talon, décrispation des relations avec les syndicats, Thomas Boni Yayi devrait engranger les retombées de cette conjoncture favorable sur le plan économique. La sérénité retrouvée permettra, entre autres, d’organiser à Paris la table ronde des bailleurs de fonds du Bénin du 17 au 19 juin avec davantage de chances de succès.

Un enjeu majeur dans le contexte actuel, entre un environnement des affaires gangrené par la corruption et des ressources internes faiblement mobilisées, notamment les recettes fiscales et douanières, qui ne sont pas à la hauteur des potentialités du pays. Reste que, depuis le 14 mai au soir, le Bénin et son président semblent avoir ouvert une nouvelle ère. Thomas Boni Yayi saisira-t-il cette occasion pour achever son second et dernier mandat en beauté ou profitera-t-il du retour du pays sur l’avant-scène pour rempiler ?

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