« Qu’attendent les singes » : Yasmina Khadra, l’Algérie au scalpel
La plume acérée, le regard perçant, Yasmina Khadra dissèque les maux qui rongent l’Algérie dans un roman passionnant, naviguant entre policier et thriller politique : « Qu’attendent les singes ».
On retrouve tout Yasmina Khadra entre les lignes de son dernier roman, Qu’attendent les singes. L’écrivain talentueux et égotique dont la plume demeure toujours aussi acérée, le fin observateur de la société algérienne, l’auteur de polars, où la noirceur le dispute à la violence, et l’apprenti politicien, éphémère candidat à la dernière présidentielle. Qu’attendent les singes illustre son grand retour à l’Algérie d’aujourd’hui, entre policier et thriller politique, donc. Une jeune étudiante, soigneusement apprêtée et maquillée, découverte morte et mutilée dans une forêt près d’Alger, une jolie, opulente et intègre commissaire en amazone des temps modernes, un baron de la presse peu scrupuleux, un tout-puissant vieillard sans foi ni loi qui dirige le pays dans l’ombre, un flic macho et corrompu et un autre, impuissant et éternel souffre-douleur du premier… Une parabole de l’Algérie contemporaine selon Khadra : pouvoir corrompu, corrompant et cynique, veules supplétifs, peuple laminé et coupable de sa résignation, nation au bord du précipice. Le roman est passionnant. Le pamphlet sous-jacent – excessivement sombre et caricatural, comme souvent avec Khadra-Moulessehoul (son vrai nom), qui en profite pour régler de manière sibylline quelques comptes -, beaucoup moins.
Qu’attendent les singes,
de Yasmina Khadra, Juliard,
360 pages, 19,50 euros.
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