Paris sur mesure
La capitale de la mode attire toujours plus de clients africains, privilégiés, chefs d’État ou hommes d’affaires, qui ne jurent que par les plus grands maîtres tailleurs.
Tendances : la tradition a presque tout bon
Retrouvez le dossier consacré par Jeune Afrique aux plus récentes tendances de la mode à l’aviation, en passant par la gastronomie et les loisirs sportifs.
Vous leur confiez vos secrets. Vous les laissez vous mesurer, vous jauger, vous peser. Ils connaissent par coeur vos humeurs, vos petites folies. Ils savent que vous avez du ventre ou les épaules tombantes.
Ces hommes de l’ombre ne sont ni médecins ni avocats : ce sont les tailleurs sur mesure. Pour les chefs d’État comme pour les businessmen et autres privilégiés de l’Afrique, Paris reste la capitale de la grande mesure – l’équivalent, pour les hommes, de la haute couture. C’est dans le Triangle d’or, au coeur du 8e arrondissement, entre les avenues Montaigne, George-V et des Champs-Élysées, que les grands du continent vont se faire tailler un costume.
Tous les tailleurs parisiens le confirment : la clientèle africaine prend une place de plus en plus importante. "Son goût prononcé pour le luxe, le beau et l’élégance à l’occidentale fait d’elle une cible de choix. En venant dans une maison comme la nôtre, elle recherche l’assurance d’un savoir-faire à la française", se targue la maison Smalto, fondée en 1962. Tailleur d’origine calabraise (sud de l’Italie), Francesco Smalto s’est rendu célèbre sur le continent en habillant notamment le roi du Maroc, Hassan II. Ses fils, Mohammed VI et Moulay Rachid, continuent d’apprécier la coupe classique de ses costumes.
En tout, une trentaine de chefs d’État, rois, émirs ou présidents s’habilleraient en Smalto, ainsi que de plus en plus d’hommes d’affaires… dont l’anonymat est préservé par l’enseigne. Tout juste sait-on que le Maghreb, la Côte d’Ivoire, le Cameroun et le Sénégal sont les marchés à plus fort potentiel pour les pièces sur mesure de la marque, tandis que les pièces de prêt-à-porter sont distribuées avec succès en Algérie, au Maroc, au Sénégal, en Égypte et en Côte d’Ivoire. Autre tailleur italien très prisé, Cifonelli a lui aussi conquis des hommes du continent.
"Nous avons des acheteurs en Côte d’Ivoire, au Gabon, en Guinée et au Maroc, précise la maison. Le marché africain ne cesse de progresser, même s’il ne représente toujours qu’une petite partie de notre clientèle." Parmi elle, quelques politiciens, des conseillers et de plus en plus d’hommes d’affaires. Avec des costumes de base à 5 500 euros, Cifonelli sait se montrer à la hauteur : "Nous sommes à l’entière disposition de nos clients et nous nous déplaçons souvent pour aller les voir sur place."
Chez les amateurs africains de beaux tissus, la maison italienne note "un retour vers un style assez classique, sans demandes extravagantes – tout au plus un ajout de couleurs vives". Les Italiens ne sont pas les seuls à se partager le marché de la grande mesure. Le tailleur sénégalais Pape N’Diaye peut s’enorgueillir d’habiller de très grands noms du monde des affaires et de la politique, en France comme en Afrique.
Formé notamment par l’enseigne britannique Hackett, il fonde son atelier en 1991 dans le très chic 7e arrondissement de Paris. Porté par le succès de cette première boutique, il en ouvre une seconde sept ans plus tard, avenue George-V. S’il ne cache pas son attachement pour son continent d’origine, Pape N’Diaye, surnommé "l’Africain aux doigts d’or", préfère ne plus afficher sa proximité avec les grands du continent depuis que son nom a été évoqué dans l’enquête relative à l’affaire dite des "biens mal acquis" concernant les familles Bongo, Obiang et Sassou Nguesso.
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