Le côté obscur de la mode

La planète fashion ne brille pas par sa modernité en matière de ressources humaines. Les nymphes qui foulent les catwalks sont encore en très grande majorité des Blanches. Et la diversité dans tout ça ?

Très peu de diversité, sur le podium de Valentino, pendant la Fashion Week de Paris. © PASCAL LE SEGRETAIN / AFP

Très peu de diversité, sur le podium de Valentino, pendant la Fashion Week de Paris. © PASCAL LE SEGRETAIN / AFP

Julien_Clemencot

Publié le 13 juin 2014 Lecture : 3 minutes.

Récentes tendances de la mode à l’aviation, en passant par la gastronomie et les loisirs sportifs. © Fredorod/flickr
Issu du dossier

Tendances : la tradition a presque tout bon

Retrouvez le dossier consacré par Jeune Afrique aux plus récentes tendances de la mode à l’aviation, en passant par la gastronomie et les loisirs sportifs.

Sommaire

"D’une beauté et d’une intelligence exceptionnelles, Lupita Nyong’o possède une aura tout à fait singulière, à la fois lumineuse et profonde." Françoise Lehmann, directrice générale de Lancôme, n’a pas tari d’éloges au moment de dévoiler, en avril dernier, le nom de la nouvelle égérie de la marque de cosmétiques de L’Oréal.

Une jeune femme "fidèle à sa beauté africaine", a précisé la femme d’affaires. L’actrice mexicano-kényane récemment oscarisée pour son second rôle dans 12 Years a Slave rejoint ainsi Julia Roberts, Kate Winslet, Penélope Cruz et Lily Collins. Avec cette nouvelle consécration, Lupita Nyong’o, déjà ambassadrice de la marque Miu Miu (Prada), se trouve propulsée dans le cercle encore plus fermé des icônes noires, aux côtés de Grace Jones, Iman Bowie ou Naomi Campbell.

la suite après cette publicité

>> À lire aussi : Lupita Nyong’o, une exception dans le monde (blanc) de la mode

Tapis rouge, unes de magazines de mode ou people comme Vogue Italia ou Vanity Fair, le succès de l’actrice met à nouveau en évidence l’absence quasi totale des top-modèles noires dans l’univers de la beauté et de la mode. Lors des défilés 2013 à New York, 83 % des mannequins étaient blanches, 9 % asiatiques et seulement 6 % noires. Dans le supplément du numéro de mars dernier du magazine Vogue Grande-Bretagne, la top-modèle britannique Jourdan Dunn a dénoncé le racisme ambiant. "Je trouve toujours bizarre quand les agents me disent : "Tu es la seule fille noire à défiler pour le show. Ce n’est pas fantastique ?" Pourquoi ça le serait ?" Et d’ajouter : "Je ne comprends pas pourquoi les gens applaudissent les créateurs qui ne font défiler qu’un mannequin de couleur. La mode n’intéresse pas qu’un seul type de femme."

En 2013, Jourdan Dunn avait déjà publiquement protesté contre les habitudes de son secteur. "Les gens qui contrôlent l’industrie disent que si on met un visage noir en couverture d’un magazine, il ne se vendra pas. Mais il n’y a pas de réelles preuves à cela", avait-elle dénoncé. Quant à l’excuse du faible nombre de mannequins de couleur parfois avancée pour justifier la situation, elle l’avait balayée d’un battement de cils. Interrogée sur ce sujet, Iman Bowie avait d’ailleurs affirmé que la situation vécue par les mannequins de couleur s’était même dégradée depuis les années 1980 avec la prise de pouvoir du commercial sur l’artistique.

Ce constat, d’autres, comme la créatrice sénégalaise Adama Ndiaye, l’ont aussi fait. Lassée d’attendre que les créateurs se remettent en question, elle a créé en 2012 la Black Fashion Week de Paris. Un événement qui avait d’ailleurs suscité un certain émoi dans la presse française pour son caractère jugé communautaire. Cette critique, l’organisatrice n’a pas manqué de la renvoyer à ses détracteurs : "Ils feraient mieux de méditer sur le taux de participation des mannequins issus des minorités ethniques à la Fashion Week parisienne", écrivait-elle en septembre 2013 dans une tribune parue sur le site Huffington Post. Faut-il y voir les prémices d’une prise de conscience ?

la suite après cette publicité

L’ancienne égérie noire des années 1970, Bethann Hardison, qui milite depuis 2007 pour une plus grande diversité sur les podiums, a constaté que davantage de mannequins de couleur avaient défilé lors de la dernière Fashion Week de New York, en février dernier. Des progrès également visibles dans les campagnes de publicité des créateurs, selon Naomi Campbell. Mais toutes préviennent : l’objectif n’est pas tant d’imposer des quotas que de changer les mentalités pour obtenir davantage d’équité.

Retour au dossier : Tendances, la tradition a du bon

la suite après cette publicité

156px;" />

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Dans le même dossier

Akrame Benallal dans son restaurant de la rue Lauriston. © Vincent Fournier pour J.A.

Akrame Benallal : une histoire de goût

J.A. vous propose quatre excellents restaurants. © J.A.

Ces restaurants qui font swinguer les papilles