Maroc : Mohammed VI veut mettre la jeunesse et la justice sociale au cœur du « nouveau modèle de développement »
Le roi du Maroc a décliné ce lundi les grandes orientations d’une nouvelle vision « globale et renouvelée » qui doit mettre fin aux disparités sociales et régionales. Il appelle tous les acteurs concernés à y contribuer.
Comment faire pour que le modèle de développement du royaume réponde aux attentes des Marocains ? Depuis les contestations populaires qui ont secoué les régions du nord du Maroc, c’est devenu le sujet central. Le 13 octobre, C’est le roi lui-même qui l’avait posé, dans un discours devant le Parlement. Il avait épinglé ce modèle « obsolète », inapte à satisfaire « les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens à réduire les écarts territoriaux et à réaliser la justice sociale ».
Ce lundi 19 février, Mohammed VI est revenu à la charge. Cette fois, il a tracé les grandes orientations du nouveau plan qu’il entend mettre en place. Il a fait passer son message lors d’un forum devant la deuxième chambre du Parlement intitulé « modèle de développement souhaité et défis de justice sociale et spatiale ».
Plus de 40% de chômage chez les jeunes urbains
Ce « nouveau modèle de développement » ne doit pas se limiter à un recensement des politiques sectorielles, prises de façon isolée, mais doit au contraire être le résultat d’ »une vision intégrée alliant le modèle politique économique et social du Maroc avec le système de gouvernance centrale et territoriale », a lu Abdeltif Menouni, conseiller de Mohammed VI.
Au cœur de cette vision : la jeunesse, « vrai capital » et « richesse inépuisable » pour le pays. Au Maroc, le chômage touche plus de quatre jeunes urbains sur dix, selon les dernières données officielles. Une problématique qui a tendance à s’inscrire dans la durée – avec le décrochage scolaire et le manque d’opportunités d’emploi – ce qui nourrit frustration et mécontentement populaire.
Depuis fin 2016, date à laquelle la population du Rif est sortie dans la rue après la mort accidentelle d’un marchand de poisson, le pays est régulièrement agité par des contestations, menées le plus souvent par des jeunes au chômage.
Réforme de l’administration, l’arlésienne
Deuxième orientation énoncée dans le message royal : la réforme de l’administration. Pour que « l’essor économique et social puisse véritablement avoir lieu, il est nécessaire que les services publics s’acquittent au mieux de leur mission, en se mettant au service du citoyen et en contribuant à stimuler l’investissement », a lu le conseiller du roi.
La réforme de l’administration, vieux serpent de mer, est devenue une constante des discours de Mohammed VI, lors desquels il ne se prive pas de fustiger « les fonctionnaires incompétents et irresponsables ».
Le sujet est devenu une priorité nationale depuis qu’un rapport de la Cour des comptes remis au roi en octobre 2017 affirme que c’est l’inertie bureaucratique qui a freiné le développement de la province d’Al-Hoceima. Le roi avait par la suite déclenché une grande purge dans les rangs de l’administration qui a atteint de nombreux responsables gouvernementaux et fonctionnaires du ministère de l’Intérieur.
Depuis son accession au trône, Mohammed VI a enclenché une politique économique basée sur les grands équipements et l’amélioration de l’image du Maroc à l’international. Malgré les politiques qui lui ont été consacrées, le volet social est, lui, resté à la traîne. Un phénomène aggravé par les grandes disparités régionales. Dans son message lors du forum de ce lundi, le roi dit vouloir « une société solidaire où chacun a droit à la sécurité, à la liberté, à la dignité, à l’égalité et à la justice sociale, où les droits accordés aux citoyens sont intimement articulés avec les devoirs qui leur incombent ». Tous les acteurs sont appelés à apporter leur concours à cette réflexion nationale.
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