Socialisme en Afrique : camarades de tous les pays, unissez-vous !

L’union fait la force, c’est bien connu. Du coup, plusieurs partis sociaux-démocrates cherchent à se fédérer pour mieux se faire entendre. Voilà qui ressemble fort à un voeu pieux…

Des partis sociaux-démocrates veulent se fédérer. © Glez

Des partis sociaux-démocrates veulent se fédérer. © Glez

Madjiasra Nako ProfilAuteur_SeidikAbba

Publié le 4 juin 2014 Lecture : 2 minutes.

Surtout, ne pas critiquer les camarades de l’Internationale socialiste (IS). S’ils songent à créer une union des gauches africaines, ce n’est pas pour remplacer leur grande soeur (ils n’en ont ni l’ambition ni les moyens), ni rompre avec elle. Ce qu’ils veulent, a expliqué à la mi-avril le Tchadien Saleh Kebzabo en marge du congrès de son parti (l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau, UNDR), reprenant un projet déjà souvent évoqué par le passé, c’est créer une faîtière des partis africains d’inspiration sociale-démocrate. "L’idée, c’est de faire monter des problématiques africaines avec des réponses basées sur des valeurs de gauche, explique l’opposant. Mais aussi de réfléchir sur la manière de nous entraider au niveau du continent au lieu de continuer à ne compter que sur la Fondation Jean-Jaurès ou sur l’Internationale socialiste." Et rien de tout cela n’empêche l’UNDR d’être par ailleurs en cours d’intégration à l’IS.

À Moundou, Saleh Kebzabo avait réuni autour de lui Taïbou Issoufou, du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir à Niamey), l’Équato-Guinéen Andres Essono Ndo, le président de la Convergence pour la démocratie sociale à Malabo, et les Congolais (de Brazzaville) Pascal Tsaty Mabiala de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS) et Bonaventure Mbaya, à la tête de la Convergence citoyenne. Mbaya est d’ailleurs le vice-président de l’Alliance progressiste d’Afrique centrale, créée fin 2013 à Yaoundé et qui regroupe huit pays de la sous-région. Saleh Kebzabo travaille aussi à la mise en place d’un groupe social-démocrate au Parlement panafricain. "Nous avons commencé le travail avec les francophones. Après, nous irons vers les anglophones et les lusophones", précise-t-il.

la suite après cette publicité

Du chemin à parcourir

Pourquoi réactiver maintenant le projet de gauche africaine ? "Nous n’avons pas voulu imposer plus tôt notre projet, répond-il. Il fallait attendre que les camarades se l’approprient." À moins qu’avec le retour de la gauche à l’Élysée le moment n’ait été jugé plus opportun… Ou qu’il espère trouver dans cette nouvelle structure une aide dans la perspective de la présidentielle tchadienne à laquelle il sera candidat en 2016. Il reste quoi qu’il en soit du chemin à parcourir et les promoteurs du projet se retrouveront à Brazzaville en juillet, puis à Niamey en fin d’année.

À chacun sa gauche

Quoi de commun entre le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), le Front populaire ivoirien (FPI), le Rassemblement pour le Mali (RPM) ou l’Union pour la démocratie et le progrès social (UPDS) en RD Congo ? Aux affaires ou dans l’opposition, toutes ces formations se réclament de gauche. Pourtant, leur pratique du pouvoir ou les alliances qu’elles nouent poussent parfois à s’interroger sur ce que signifie "être de gauche" aujourd’hui en Afrique. Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta répondait récemment à la question dans nos colonnes en expliquant que les partis de gauche africains se retrouvaient autour des valeurs de partage, de respect et de solidarité… Sauf que le Rassemblement des républicains (RDR) d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire ou l’Alliance pour la République (APR) du Sénégalais Macky Sall, qui se déclarent libéraux, peuvent eux aussi revendiquer les mêmes valeurs… La gauche est en vérité devenue une sorte de franchise qui peut ouvrir la voie à une adhésion à l’Internationale socialiste… et parfois conduire aux portes du pouvoir. Seidik Abba

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires