Maroc : Uber jette l’éponge

Trois ans après avoir lancé son application de VTC dans le royaume chérifien, Uber a décidé de se retirer du pays, estimant que le cadre légal qui régit le transport au Maroc ne lui a pas permis de se développer conformément à ses attentes.

Quartier général d’Uber, à San Francisco. © Eric Risberg/AP/SIPA

Quartier général d’Uber, à San Francisco. © Eric Risberg/AP/SIPA

Publié le 20 février 2018 Lecture : 3 minutes.

Après presque trois années d’activité au Maroc, Uber vient d’annoncer la suspension de son activité, à compter du 23 février. La plateforme de transport a diffusé un communiqué pour expliquer cette décision, plutôt inattendue. Uber Maroc dénonce un cadre administratif et légal qui ne lui a pas été favorable.

« Malheureusement, depuis notre lancement au Maroc, nous n’avons pas eu de clarté sur l’intégration des applications comme Uber au modèle de transport existant », explique la filiale du géant californien. En effet, le transport est très encadré, et le concept californien n’y a pas trouvé sa place :  l’activité des transporteurs est restée pendant toutes ces années illégale.

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Une situation que Meryem Belqziz, directrice générale de l’application au Maroc, a essayé de relativiser lors de toutes ses prises de paroles, évoquant la résistance rencontrée par l’application dans tous les pays où elle s’est lancée, et qui a toujours fini par se régler. Mais au Maroc, les échanges et les altercations entre les taximen et les chauffeurs Uber ont très été souvent musclés, et les autorités sans merci.

Retour possible

Il y a moins d’une année, lors de la présentation du dernier bilan, les dirigeants d’Uber Maroc étaient encore confiants quant au changement du cadre légal. Meryem Belqziz était alors persuadée que les autorités, confrontées à la réalité de l’usage de l’application (19 000 utilisateurs et 300 chauffeurs, selon le groupe) allaient faire évoluer le cadre réglementaire. À l’époque, elle avait évoqué « une modification d’une loi sur le transport vielle d’une cinquantaine d’années » et assurait avoir présenté au gouvernement une proposition.

« Une transformation réussie nécessite d’être un partenaire responsable pour les villes, les chauffeurs et les utilisateurs que nous servons. C’est pour cela que nous avons tout fait pour travailler avec les autorités et pouvoirs publics au Maroc, afin de trouver une solution qui conviendrait à tous », écrit Uber Maroc dans son communiqué. Mais, poursuit le texte, « l’incertitude réglementaire actuelle ne nous permet pas de fournir une expérience sûre et fiable, qui réponde aux exigences de nos clients, chauffeurs comme passagers ».

Contactée par nos soins, la patronne de la filiale marocaine n’a pas souhaité répondre à nos questions. Uber n’exclut cependant pas un retour. « Nous serons prêts à revenir dès que de nouvelles règles seront en place. Bien que nous ne soyons plus actifs au Maroc, nous restons disponibles pour définir un environnement favorable, permettant à notre technologie de déployer son potentiel et aux Marocains d’avoir de nouveau accès à un service sécurisé, accessible et efficace pour se déplacer et gagner leur vie », conclut le communiqué de l’application.

Il faut relativiser la décision de Uber. Ses dirigeants n’ont pas atteint les objectifs et les ambitions tracés au début pour le Maroc

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Mustapha Chaoune, secrétaire général national de l’Organisation démocratique des professionnels du transport ne cache pas sa joie, après cette décision d’Uber Maroc. Mais pour lui, « il faut relativiser la décision de cette entreprise. Ses dirigeants n’ont pas atteint les objectifs et les ambitions tracés au début pour le Maroc, c’est pour cela qu’ils partent et ce n’est pas à cause des autorités, comme ils le disent. D’autres plateformes similaires exercent encore au Maroc, dans les même conditions ».

Il rejoint par contre l’argumentaire de Uber sur un point : la vétusté de la loi transport. « Elle doit être revue, estime-t-il, on ne fait plus du transport comme dans les années 1960. Nous militons pour instaurer le principe de la professionnalisation du métier, ce qui empêchera aux plateformes comme Uber de venir nous déranger ».

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