Crise au Togo : de timides avancées au premier jour du dialogue politique

La première journée du dialogue inter-togolais s’est achevée ce lundi soir avec quelques avancées, notamment sur les mesures d’apaisement et sur la participation du gouvernement au dialogue. Parmi les décisions notables : la libération de 45 manifestants détenus.

Le président togolais Faure Gnassingbé lors de son discours devant les Nations unies, en septembre 2015. © Richard Drew/AP/SIPA

Le président togolais Faure Gnassingbé lors de son discours devant les Nations unies, en septembre 2015. © Richard Drew/AP/SIPA

Publié le 20 février 2018 Lecture : 3 minutes.

Le dialogue politique très attendu s’est ouvert ce lundi 19 février, six mois jour pour jour après le début de la crise togolaise. Si celui-ci devrait durer une dizaine de jours, quelques progrès ont déjà été faits lors de cette première journée, qui réunissait différents acteurs politiques.

Vers 23 heures, ce lundi, de la fumée blanche est ainsi sortie de l’hôtel du 2 février, où le chef de l’État ghanéen, Nana Akufo-Addo, facilitateur du dialogue, est resté jusqu’au bout.

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Parmi les décisions, la grâce présidentielle a notamment été accordée à 45 des 92 détenus en marge des manifestations contre le régime qui durent depuis six mois. Des libérations qui ont débuté ce mardi 20 février à la mi-journée.

Premières libérations

Sept détenus dans les affaires des incendies des marchés de Lomé et de Kara seront présentés au juge pour obtenir une libération provisoire dès le mercredi 21 février. Le cas des autres détenus sera étudié au cas par cas, en vue d’une libération ultérieure.

D’autres décisions ont été prises. Les deux parties présentes à cet échange ont ainsi accepté la suspension des manifestations de rue, pour donner une chance au dialogue. Néanmoins, la question du retour à la Constitution de 1992 a été abordée, sans pour autant déboucher sur une résolution.

Je ne suis pas venu avec une baguette magique, je ne suis pas venu non plus pour vous imposer une solution

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Ces différentes mesures ont pu être prises suite à l’arrivée des ministres en charge de la Sécurité et de la Justice, Yark Damehane et Pius Agbetomey, appelés par les participants au dialogue. Les discussions, notamment sur la libération des détenus, ont en effet été bloquées pendant un moment. Pour faire avancer le débat, les deux ministres seraient ainsi allés expliquer la « réalité des faits reprochés aux détenus dont l’opposition réclame la libération », selon une source proche de l’opposition.

Difficultés sur la question des élections

De son côté, le facilitateur ghanéen a, dès le début de la matinée, exhorté la classe politique togolaise à faire preuve d’ouverture afin de trouver des solutions à cette crise. Pour Nana Akufo-Addo, l’intérêt national doit prévaloir dans les discussions entre les parties. « Vous tous réunis ici, c’est votre devoir […] Je ne suis pas venu avec une baguette magique, je ne suis pas venu non plus pour vous imposer une solution », a-t-il lancé pour convier les uns et les autres à une compréhension mutuelle.

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« Le comité préparatoire a contribué à dissiper les premiers malentendus. Il convient d’apprécier et de saluer le travail accompli. Pour ce qui nous concerne à Unir [Union pour la République (Unir, parti présidentiel, ndlr)], nous venons à ce dialogue dans un esprit d’ouverture », a souligné Charles Kondi Agba, le président des « sages » du parti au pouvoir, membre de la délégation de la majorité.

Le chef de file de l’opposition, Jean-Pierre Fabre, a de son côté rappelé les exigences de sa coalition et a indiqué vouloir œuvrer à trouver des « solutions durables dans l’intérêt du peuple » au sortir du dialogue.

Malgré ces différentes affirmations, les premiers couacs se sont fait sentir, notamment au sujet des prochaines élections locales et législatives, prévues cette année.

Car si certains membres de l’opposition estiment qu’il a été question, par le gouvernement, de suspendre la préparation des différents scrutins en attendant la fin du dialogue, d’autres, dans le camp de la majorité, démentent catégoriquement et estiment « qu’il n’est pas possible de suspendre le fonctionnement d’une institution de l’État ou de mettre en parenthèses des activités ordinaires de l’État ».

Faure Gnassingbé optimiste

Fortement critiqué pour son absence à la cérémonie d’ouverture, le chef de l’État togolais Faure Gnassingbé s’est exprimé sur les réseaux sociaux.

Je suis convaincu que nous parviendrons entre filles et fils d’une même nation, à nous entendre sur l’essentiel

« Unis par notre appartenance à la mère patrie, le Togo, je suis convaincu que nous parviendrons entre filles et fils d’une même nation, à nous entendre sur l’essentiel », a-t-il indiqué sur Twitter ce mardi, saluant au passage le travail accompli par ces discussions.

Les travaux ont été suspendus ce lundi soir pour donner le temps aux deux parties de réfléchir aux décisions prises ce premier jour. Les discussions de ce 27e dialogue politique inter-togolais reprendront le vendredi 23 février prochain, toujours en présence du chef de l’État ghanéen.

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