Réquisition de Veolia au Gabon : la guerre des mots continue
Mardi 20 février, la multinationale spécialisée dans l’eau et l’énergie, dont la filiale gabonaise a été réquisitionnée par les pouvoirs publics vendredi, a publié une « mise au point », revenant sur les engagements contractuels qui la liaient à Libreville et chiffrant ses investissements sur le réseau gabonais.
Le groupe français Veolia (25 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2016), qui doit annoncer ses résultats monde mercredi 22 février, a publié hier, mardi, un nouveau communiqué pour une « mise au point » concernant la réquisition de sa filiale la Société d’énergie et d’eau du Gabon (détenue à 51% par l’entreprise française), intervenue le 16 février.
La multinationale, qui réalise un chiffre d’affaires proche du milliard d’euros en Afrique, tient à répondre aux différentes déclarations des autorités gabonaises depuis cette action inattendue.
Investissements sur les infrastructures
Sur le fond, et notamment les dysfonctionnements dans la production et la distribution d’eau, Veolia affirme que la construction « des installations appropriées et dimensionnées » nécessaires sont « en vertu du contrat de concession (…) à la charge de l’État gabonais ».
Elle affirme par ailleurs avoir investi « plus de 366 milliards de francs CFA [448 millions d’euros] au Gabon » soit, selon elle, « plus que ne l’exigeait le contrat de concession ».
Mais vendredi, le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Patrick Eyogo Edzang, expliquait à Jeune Afrique que Veolia n’avait « pas effectué les investissements convenus entre les deux parties », ni « fait en sorte d’entretenir les installations comme elle l’aurait dû ».
Les différends récurrents qui opposaient Libreville et Veolia ne les avaient pas empêchés de proroger de cinq ans, en mars 2017, le contrat qui les liait depuis 1997.
Période transitoire d’un an
Sur la forme, Veolia tient également à rappeler que « contrairement aux déclarations du porte-parole du gouvernement, M. Alain Claude Bilie By Nze, ce sont bien des hommes en armes qui ont réquisitionné le siège de la SEEG ».
Le groupe français présent au Maroc, au Gabon, au Niger et en Égypte, est d’ailleurs en train d’étudier « toutes les options juridiques disponibles pour faire valoir ses droits » indique une source proche du dossier.
Vendredi, le ministre de l’Eau et de l’Énergie affirmait que l’État avait souhaité « reprendre sa souveraineté sur la gestion des secteurs de l’eau et de l’électricité ». Et se voulait rassurant quant à la continuité des services de la SEEG auprès de ses administrés : « Nous allons gérer la SEEG durant une période transitoire de douze mois et assurer la continuité du service public. Durant cette période, nous réaliserons également un audit de tous les biens de la société à l’aide d’un cabinet indépendant afin de gérer la société de manière optimale. »
La nouvelle équipe dirigeante de la SEEG a été présentée lundi par le ministre de l’Eau et de l’Energie, Patrick Eyogo Edzang au siège de l’entreprise. « Nous avons réquisitionné la SEEG pour motif d’intérêt général. Dans tous les contrats juridiques, cette possibilité existe », a-t-il martelé, selon la presse locale.
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