Qatar : Hamad aux mains d’argent

Même si l’émir du Qatar l’a démis de ses fonctions, l’ancien Premier ministre, Hamad Ibn Jassem Al Thani, reste un redoutable homme d’affaires. Qui pense que tout s’achète.

Le cheikh Hamad Ibn Jassem Al Thani, en avril 2013. © Markus Schreiber/AP/Sipa

Le cheikh Hamad Ibn Jassem Al Thani, en avril 2013. © Markus Schreiber/AP/Sipa

ProfilAuteur_LaurentDeSaintPerier

Publié le 29 mai 2014 Lecture : 2 minutes.

"Je ne suis pas pauvre, je suis riche", reconnaissait modes­tement le cheikh qatari Hamad Ibn Jassem Al Thani, interviewé début mai par le journaliste américain Charlie Rose après presque un an de silence médiatique. Car si Tamim, le nouvel émir du Qatar, l’a privé, en juin 2013, de ses fonctions de Premier ministre et de ministre des Affaires étrangères, les affaires continuent bon train pour "HBJ", 54 ans, qui vient de s’offrir 6 % de la Deutsche Bank, fleuron de la finance allemande, pour 1,75 milliard d’euros, peu après avoir acquis le pétrolier Heritage Oil pour 1,14 milliard d’euros. Des opérations effectuées via deux fonds que contrôle celui qui, à la tête du Qatar Investment Authority (QIA) de 2005 à 2013, a inspiré la politique d’investissements déployée ces dernières années par l’émirat gazier.

Cousin de l’ex-émir Hamad, dont il a appuyé la révolution de palais en 1995, cofondateur de l’influent groupe médiatique Al-Jazira et artisan d’une alliance très stratégique avec Washington, cet homme de toutes les affaires n’a jamais eu de scrupules à confondre ses intérêts avec ceux de l’émirat. Et si le dernier classement annuel des fortunes du Royaume-Uni établi par le Sunday Times lui attribue une fortune de 1 milliard d’euros, celle-ci atteindrait un chiffre nettement supérieur selon plusieurs sources. Cheikh Hamad aurait ainsi touché entre 250 et 300 millions d’euros de rétrocommissions pour le seul rachat des magasins londoniens Harrods par la QIA, ou encore 200 millions d’euros pour le contrat de construction d’un pont reliant le Qatar à Bahreïn, dont la première pierre n’a jamais été posée.

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Un travailleur infatigable

Et l’on ne compte plus le nombre d’opérations qu’il a exécutées pour le compte de son pays. Somptueuses résidences aux meilleures adresses du globe, yachts de luxe et jets privés, HBJ affiche sa panoplie dorée, mais il est avant tout un travailleur infatigable, à l’intelligence hors pair, un nabab intraitable, convaincu que tout peut s’acheter. Une assurance confinant à la morgue, qui exaspère les cercles politiques et diplomatiques où il officiait avant d’en être écarté il y a un an.

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