Mali : Soumeylou Boubèye Maïga, les raisons d’une démission

Soumeylou Boubèye Maïga a démissionné mardi de son poste de ministre de la Défense, suite aux revers militaires subis par l’armée malienne à Kidal, les 17 et 21 mai. Pourtant, ses responsabilités dans les derniers affrontements avec les groupes armés du nord semblent limitées. Explications.

« Boubèye » avait été reconduit à la Défense le 5 avril, dans le gouvernement de Moussa Mara. © AFP

« Boubèye » avait été reconduit à la Défense le 5 avril, dans le gouvernement de Moussa Mara. © AFP

Publié le 28 mai 2014 Lecture : 2 minutes.

L’offensive malheureuse de l’armée malienne pour reprendre Kidal, le 21 mai, aurait été une initiative locale venant d’officiers supérieurs présents sur place – parmi lesquels le général Ag Gamou, qui a perdu son adjoint dans la bataille. Ces unités auraient agi sans en avoir reçu l’ordre de l’état-major à Bamako, et sans que Soumeylou Boubèye Maïga, le ministre de la Défense, donne d’instructions en ce sens. C’est du moins ce que des sources au sein de la présidence affirment à Jeune Afrique.

Les soldats de l’armée malienne sont tombés dans le piège tendu par les groupes touaregs qui, visiblement, les attendaient. Parmi ces derniers figuraient, selon des témoins, une centaine de jihadistes reconnaissables à leurs drapeaux noirs, à leurs slogans religieux et à leurs pantalons coupés court.

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Conséquence de ces événements : des pertes humaines très importantes pour l’armée (une cinquantaine de morts et 48 blessés), et une grave crise politique puisque le ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, a démissionné mardi 27 mai pour être remplacé dans la foulée par un colonel-major de l’armée de l’air à la retraite, Ba N’Dao, formé dans l’ex-Union soviétique et diplômé de l’école de guerre de Paris.

Épargner des sanctions humiliantes

Comment en est-on arrivé là ? Selon l’un de ses proches cités par l’AFP, l’ancien ministre (de la Défense mais aussi des Affaires étrangères) et ex-chef des services de renseignements, a pris sa décision "lorsqu’il a compris qu’on voulait faire porter le chapeau à la hiérarchie militaire" pour la défaite de Kidal. Il aurait ainsi pris les devants pour proposer sa démission et épargner des sanctions humiliantes à de hauts gradés.

Mais ce rebondissement est aussi sans doute la conclusion d’une différence de vision stratégique entre l’ex-ministre de la Défense et le nouveau Premier ministre, Moussa Mara, qui s’est rendu à Kidal le 17 mai malgré les réticences de la Minusma, des Français de l’opération Serval… et vraisemblablement de Soumeylou Boubèye Maïga lui-même. Une visite qui a déclenché les premiers affrontements entre des soldats maliens et les groupes armés du Nord, avant la contre-offensive ratée du 21 mai.

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Le nouveau ministre de la Défense doit désormais gérer le cessez-le-feu signé le 23 mai à la faveur d’une médiation conduite par le chef de l’État mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l’Union africaine. L’accord prévoit également la mise en place d’une commission internationale d’enquête et la libération des prisonniers faits par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), qui en revendique 70. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué lundi avoir rendu visite à 50 personnes détenues par deux groupes armés à Kidal, le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le MNLA.

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